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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du quatuor Lindsay au Théâtre du Châtelet.
La Mort leur va moins bien
Fondé à la Royal Academy of Music, en 1967, le quatuor anglais est bien connu du public pour ses interprétations des musiques de Tippett et Britten, mais aussi de Beethoven et Bartok. Ce serait oublier à quel point les Lindsay affectionnent Haydn, qu'ils sont venus défendre récemment au Châtelet en prélude à la Folle Journée de Nantes.
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Les Lindsay jouent régulièrement Haydn et on leur doit déjà une quasi intégrale chez l'éditeur ASV. Leur concert de Dimanche dernier s'ouvrait avec l'op. 76 n° 5 du maître d'Eisenstadt, oeuvre contemporaine de la Création et célèbre pour son magnifique mouvement lent.
D'emblée, là où d'autres formations tirent Haydn vers le romantisme d'un Beethoven voire d'un Schubert, les Lindsay frappent par la sobriété et l'élégance toute " dix-huitième siècle " de leur jeu, par leurs sonorités tantôt pastels, tantôt acidulées. Tempi, phrasés et accents semblent aller de soi, dans une oeuvre où l'écriture est extrêmement savante et audacieuce.
Grâce à cette délicate retenue qui semble être chez eux une seconde nature, le mouvement lent s'est révélé d'une saisissante apesanteur ; de celle qui ne donne plus envie à l'auditeur de redescendre, bien conscient qu'un sommet a été gagné.
Après un Menuet aux couleurs et aux rythmes hongrois, il fallut pourtant se résoudre à déchoir avec le dernier mouvement : grincements et problèmes de justesse au premier violon, quelques imperfections également au violoncelle viennent troubler une interprétation pourtant pleine d'énergie.
Dans La Jeune fille et la Mort de Schubert, les Lindsay sont résolument intimistes. Dès le premier mouvement, ils semblent se retrancher jusqu'à l'excès dans les nuances piano et des timbres moribonds. Le second mouvement est pourtant captivant : sons tour à tour désincarnés et déchirants, beauté immatérielle des phrasés.
La tension semble se relâcher quelque peu dans le scherzo et le dernier mouvement qui n'ont pas tout à fait la même charge affective. Les crescendi et les nuances forte paraissent velléitaires, mais peut-être est-ce l'effet du volume de la salle, peu adaptée à la musique de chambre. Cela ne s'arrange pas dans l'allegro moderato final, la cohésion de l'ensemble est un peu mise à mal, au détriment de l'expressivité.
Mais si la Mort leur va moins bien, les Lindsay ne peuvent laisser indifférents, tant ils se démarquent des autres formations par leur style et leur sonorité.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 20/01/2002 Christelle CAZAUX |
| Récital du quatuor Lindsay au Théâtre du Châtelet. | Joseph Haydn : quatuor op. 76 n° 5
Franz Schubert : quatuor D. 810 " La Jeune fille et la mort " | |
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