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CRITIQUES DE CONCERTS 30 octobre 2024

Fidelio de Ludwig van Beethoven dans la production du Festival de Glyndebourne reprise au Théâtre du Châtelet.

Fidelio mais pas trop
© Mike Hobban

© Mike Hobban

Assez peu joué pour un ouvrage de Beethoven, Fidelio doit sa relative rareté aux problèmes que posent le livret et son final souvent mal compris. La production du Festival de Glyndebourne que le Châtelet vient d'inviter n'échappe pas à la règle, malgré la baguette toujours inspirée de Sir Simon Rattle.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 27/01/2002
Jacques DUFFOURG
 



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  • Décor bureaucratique couleur gris crasseux, le Fidelio de Deborah Warner est transposé dans un univers carcéral contemporain. L'idée n'est pas révolutionnaire, mais cette foultitude d'accessoires de la tyrannie ordinaire (bureau miteux, machine à écrire grippée, tiroirs bosselés, éclairage glauque
    ) le rend oppressant à souhaits.

    Les costumes aussi sont triviaux, voire sordides. Ici, les personnages évoluent entre des grilles cellulaires numérotées. Cela veut-il restituer cette impasse des sentiments que Beethoven fait sienne dans la première partie ?

    Au deuxième acte, Deborah Warner éteint bien la lumière mais élargit l'espace, limitant la claustralité à un unique barreau décentré ; une inversion des volumes et ouvertures d'un acte à l'autre plutôt astucieuse.

    Mais le final met tout par terre. Il neige sur Séville, capitale de l'Andalousie ! Les prisonniers libérés se lancent des boules de neige. Certes, le dénouement hâtif du livret a souvent été décrié, mais il n'éclaire et ne justifie l'opéra que s'il est pris au sens métaphorique. Au contraire, l'espèce de bal du Quatorze Juillet voulu par Warner parait complètement déplacé, et fait finalement douter de son intelligence de l'oeuvre.

    Heureusement, Sir Simon Rattle est là. Beethoven est pour lui une seconde patrie. Avec l'Orchestre de l'Age des Lumières et ses sonorités très crues, il s'attache à rendre le texte toujours lisible, jusqu'à l'éblouissement, et veille constamment au maintien de l'énergie dramatique. Imprégné de Haydn et de Gluck (les cuivres ont souvent les accents d'Alceste), ce Beethoven-là n'a pas connu Wagner.

    Le prélude instrumental de l'Acte II donne bien plus la chair de poule que le décor de coupe-gorge un peu forcé qui se dévoile peu à peu. Sur l'ensemble, Rattle maintient une scansion nerveuse et précise, presque jamais bruyante, qui porte la tension de l'intrigue souvent mieux que la scène voire les chanteurs.

    Le plateau vocal est pourtant homogène. Excepté l'époustouflant Pizarro de Steven Page, il ne comporte ni individualité marquante ni rôle mal distribué. Certes, comme tous les Florestan, Kim Begley souffre un peu au premier air, mais s'ajuste ensuite. Dommage qu'il soit contraint de ramper et se contorsionner avec sa chaîne comme un cabot rivé à sa niche.

    Anne Schwanewilms est une Léonore-Fidelio aussi crédible dans les deux sexes qu'elle incarne. Vocalement, elle trouve ses limites avec les aigus un peu tendus d'Abscheulicher ! mais se rattrape largement dans le second acte. Les choeurs brillent particulièrement dans la marche des prisonniers vers la lumière, une longue supplique dont Rattle fait un suffocant chant de prières.

    Le chef trouve cependant lui aussi ses limites dans ce final décidément raté. Il empoigne alors ses troupes à la hussarde, accélère brutalement, malmène les choristes jusqu'à la distorsion, et termine sur les chapeaux de roue. Pendant quelques secondes, on est décontenancé ; puis, à observer ce qui se passe sur scène, on comprend volontiers que Sir Simon ait trouvé judicieux de trancher en faveur d'une liquidation sans trop de frais.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 27/01/2002
    Jacques DUFFOURG

    Fidelio de Ludwig van Beethoven dans la production du Festival de Glyndebourne reprise au Théâtre du Châtelet.
    Glyndebourne Opera Festival Chorus (chef : Tecwyn Evans) ;
    Orchestra of the Age of Enlightenment
    Direction : Sir Simon Rattle.
    Mise en scène : Deborah Warner.
    Costumes : John Bright
    Décors et éclairages : Jean Kalman

    Avec Kim Begley (Florestan), Anne Schwanewilms (Léonore), Toby Spence (Jaquino), Lisa Milne (Marcelline), Reinhard Hagen (Rocco), Steven Page (Don Pizzaro), Matthias Hölle (Don Pizzaro).

     


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