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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Second concert du " Marathon Beethoven " du Festpielhaus de Baden Baden.
Eschenbach vainqueur
au chant de bataille
Christoph Eschenbach (© Eric Sebbag)
Pour ce second concert du " Marathon Beethoven " au Festspielhaus de Baden-Baden, c'était au tour de Christoph Eschenbach de donner sa lecture des 4e et 3e symphonies du maître de Bonn. L'une d'elle est surnommée " Héroïque ", une qualité indispensable pour remporter un marathon
ou une guerre.
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Après les visions fines et les quelques foudres de Charles Mackerras, chacun s'attendait à un esprit très différent pour les 4e et 3e symphonies qui appellent presque automatiquement un style beaucoup plus " sanguin ".
Pourtant, Christoph Eschenbach est entré avec beaucoup de douceur dans cette quatrième initiale, rendant l'introduction empreinte de mystère avec une palette très nuancée, mais sans omettre par la suite de déchaîner les cordes pour une transition fiévreuse vers l'Allegro.
Précision des attaques, sonorités pleines et amples, rien ne manque manifestement à ce Philharmonique de Londres qui, le soir précédent, s'était fait si léger et agile pour Mackerras. D'une violence sèche, un Eschenbach héros des grands jours pourfend un ennemi invisible de sa baguette
non sans succès.
Mais il sait aussi s'apaiser le temps d'un deuxième mouvement dont la sérénité est de nature à refermer toutes les plaies. Lesquelles n'allaient pas manquer de se rouvrir dans les deux derniers mouvements, relus avec la même vigueur belliqueuse que précédemment.
Dès lors, on pouvait s'attendre à une bataille gagnée d'avance pour l'Eroïca. Mais loin des acquis (et parfois des excès) de la musicologie beethovénienne depuis quinze ans, Eschenbach se place résolument dans une perspective grandiose et très " cinémascope " de l'oeuvre.
Dès les forte initiaux, cette 3e symphonie sonne comme une véritable déclaration de guerre. Une guerre moderne qui lutte pour l'avènement d'un monde nouveau. Une lutte armée où les archets volent plus vite que des supersoniques, où les bois sont aussi inquiétants que le bruit des missiles qui menacent de s'abattre, et où les cuivres bombardent avec une précision ballistique rare au chant de bataille.
Bref, devant des symphonies jouées de si bonne guerre, il était difficile de ne pas rendre les armes.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 18/01/2002 Pierre BREINER |
| Second concert du " Marathon Beethoven " du Festpielhaus de Baden Baden. | London Philharmonic Orchestra
Direction : Christoph Eschenbach
Beethoven : Symphonies n° 4 et 3 dite " Eroïca "
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