Contraste absolu pour cette reprise de Don Quichotte à l'Opéra Bastille entre la magnifique sobriété de l'interprétation du rôle titre par José Van dam et les aspects clinquants de plusieurs passages de la mise en scène. On sait le but recherché par Gilbert Deflo : montrer que Don Quichotte est une bête de cirque face à une société toute d'artifice et de superficialité.

Tout se passe donc dans une arène, sous un chapiteau, avec les petites ampoules si caractéristiques de l'univers du cirque. Le monde de Dulcinée est tout de pourpre et d'or, celui de Don Quichotte de bleu pâle et de gris. Quand ils se confondent, le héros à la triste figure n'a plus que les armes d'un texte humanitaire et d'une musique d'une pudique sensibilité pour lutter contre les agressions hispanisantes du monde des artifices.

L'interprétation d'une remarquable finesse d'un José Van Dam très en voix et à la diction parfaite qui, sans jamais forcer le moindre effet, impose un personnage d'une stature impressionnante fascine par son intériorité.

On se demande si finalement, la Dulcinée qu'il aime, à laquelle il rend la justice de la franchise et qui garde donc son estime, ne méritait pas mieux que ce traitement scénique qui fait d'elle une poupée superficielle. Même avec le somptueux physique et la belle voix de Béatrice Uria-Monzon, elle n'apparaît que comme une créature assez méprisable qui ne justifie guère la passion de Don Quichotte.

Aux côtés de ce dernier, Alain Vernhes est un Sancho très bien chantant, sensible et sobre lui aussi. Sensibilité, sobriété, équilibre sont également les qualités de la direction du jeune Stéphane Denève. Il défend avec beaucoup de perspicacité tout ce qu'il y a à défendre dans cette étrange partition aux contours incertains. On serait tenté de dire, avec la même détermination que Quichotte lui-même contre les moulins à vents.


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