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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Récital d'Angelika Kirchschlager, avec Yuri Bashmet & Jean-Yves Thibaudet

Trop grave pour elle

Angelika Kirschlager

Avant son retour à l'Opéra Bastille dans Octavian, Angelika Kirchschlager était au Théâtre des Champs-Elysées pour un récital, exercice dans lequel la belle viennoise avait déjà opéré des ravages. Un peu moins de réussite cette fois-ci.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 21/01/2002
Juliette Buch
 



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  • Présenté dans le cadre du dixième anniversaire de la série Les Grandes Voix, ce récital de la belle Angelika brillait par la variété, et il faut bien le dire, l'originalité de son programme. L'ordre initialement prévu fut modifié, la chanteuse ayant peut-être tiré certaines conclusions de sa soirée londonienne au Barbican Hall, deux jours plus tôt : un simple souci de progression dans la " modernité " des écritures et des atmosphères, Hartzell flirtant ouvertement avec le jazz ?

    On peut toutefois s'interroger le choix de Kirchschlager de commencer par les deux célèbres lieder de Brahms pour voix, alto et piano qui sont écrits – surtout le premier – dans une tessiture très grave, plus proche en effet de celle d'un véritable alto que de sa propre tessiture, qui est celle d'un mezzo clair, presque un dugazon.
    Dans ces conditions, son interprétation est plutôt terne, faisant apparaître ce problème de tessiture, sans doute encore plus flagrant en début de programme, et l' artiste ne parvient pas vraiment à donner une version semblant d'autant moins intéressante que d'illustres aînées en ont livré une vision difficilement surpassable, Ferrier et Fassbender en tête, pour ne citer que ces deux-là.
    De la même façon, les très célèbres Suleika I et II, Gretchen am Spinnrade de Schubert, pourtant bien dans sa voix, échappent quelque peu à Kirchschlager, qui se contente d'une vision assez superficielle, très en place vocalement, mais pas assez habitée. Là encore, la concurrence est rude, et il suffit de réécouter les mêmes, citées plus haut, pour saisir quel abîme les sépare. Seul le dernier lied, Szene der Delphine, d'esprit plus léger et plus mutin, convient mieux à son tempérament somme toutes assez solaire.


    Les choses s'arrangent avec les quatre mélodies de Charles-Martin Loeffler, compositeur rarement donné, sur des poèmes de Baudelaire et Verlaine : le français de Kirchchlager est bon dans l'ensemble, et le style des oeuvres convient à sa nature plutôt extravertie. De même, en deuxième partie, elle séduit pleinement dans des lieder de Korngold et aussi de ceux de son contemporain Eugène Hartzell, né en 1932, qui flirte beaucoup avec le style jazzy. Signe qui ne trompe pas, c'est d'ailleurs en bissant le dernier lied Gently, gently qu'elle terminera ce concert.

    On peut penser en fait qu'un répertoire de lieder plus "classique", si paradoxal que cela puisse paraître pour une chanteuse autrichienne – mais après tout, Jessye Norman n'a-t-elle pas admirablement chanté Brahms et Schubert – mette un peu en difficulté Angelika Kirchschlager, et que ses qualités trouvent à s'épanouir de manière plus satisfaisante dans un répertoire plus contemporain, peut-être plus proche de l'opéra, où son énergie et son dynamisme font merveille. Brahms et Schubert exigent des qualités autres que purement vocales ; outre une palette de couleurs qu'elle semble ne pas avoir encore explorée, Kirchschlager manque d'une maîtrise réelle de la mise en valeur, de cette connaissance très intériorisée de cet univers, où la musique et le texte sont subtilement imbriqués.

    Curieusement, c'est dans la sonate Arpeggione, donnée dans sa version pour alto et piano, et magistralement interprétée par Jean-Yves Thibaudet et Yuri Bashmet en début de deuxième partie, que l'esprit de Schubert surgit, avec sa subtilité et sa complexité extrêmes, où la luminosité triomphante côtoie l'esprit lunaire le plus sombre. Ce soir-là, ce furent bel et bien le piano de Thibaudet et l'alto de Bashmet qui chantèrent le mieux....

    Lire aussi l'avis de Christine Leteux.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 21/01/2002
    Juliette Buch

    Récital d'Angelika Kirchschlager, avec Yuri Bashmet & Jean-Yves Thibaudet
    Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano
    Yuri Bashmet, alto
    Jean-Yves Thibaudet, piano

    Johannes Brahms : Zwei Gesange, Opus 91 (Gesstille Sehnsucht - Geistliches Wiegenlied) pour voix, alto & piano
    Franz Schubert : Suleika I – Suleika II - Gretchen am Spinnrade – Delphine
    Charles-Martin Loeffler : Quatre poèmes, opus 5 (La cloche fëlée - Dansons la gigue – Le son du cor – Sérénade pour voix, alto & piano
    Franz Schubert : Sonate Arpeggione, D 821 pour alto & piano
    Erich Korngold : Cinq lieder opus 38 (Gluckwunsch - Der Kranke - Alt-spanisch - Alt-englisch -My mistress'eyes) pour voix & piano
    Eugene Hartzell : When you have found the place - Clip - Nightmare I - Nightmare II - Gently, gently

     


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