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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Peu de choses à dire au sujet du programme : Folles Journées de Nantes obligent, de nombreux artistes et formations avaient inscrit pour le début d'année, plusieurs partitions de Haydn et Mozart à leurs programmes. Dans la Salle Gaveau, le Concerto Köln n'a pas dérogé à la règle, se présentant avec la Symphonie n°26 de Haydn, le Concerto pour basson K 191, la fort brève Symphonie K 45b et, comme plat de résistance, la très célèbre Symphonie en sol mineur. Un programme où il serait donc vain de chercher une quelconque ligne directrice, se ce n'est l'opposition, par exemple, du concerto pour basson, oeuvre de jeunesse encore imprégnée de l'esthétique galante, et la sombre Symphonie n°40, du Mozart de la maturité, que l'on qualifie très régulièrement de " pré-romantique ". En fait, la seule ligne directrice de la soirée, ce furent bien les virtuoses – et le mot n'est pas exagéré – du Concerto Köln qui la fournirent.
Pas de chef pour diriger ce soir-là , mais une écoute mutuelle sans faille (il faut voir la vingtaine de musiciens allemands se consulter du regard, tendre l'oreille vers leurs collègues) et une complicité bâtie sur des années de travail commun. Et le résultat est admirable de cohésion (surtout chez des cordes affûtées comme jamais) et de justesse : pratiquement à aucun moment, les attaques du Concerto Köln n'ont été prises en défaut, soufflant comme autant de bourrasques dans une symphonie de Haydn dont la sombre violence convient parfaitement à leur engagement proverbial.
C'est cette énergie qui fait également merveille dans Mozart. Le Concerto pour basson, par exemple, y trouve une sorte de virilité qui vivifie des pages où l'inventivité mélodique règne un peu vainement. Le très technique Lorenzo Alpert, bassoniste de l'ensemble et propulsé soliste pour l'occasion, compense une beauté sonore pas toujours constante, par la qualité de son articulation et l'inventivité de son phrasé. Dans la Symphonie en sol mineur, la rage et l'incisivité du Concerto Köln ont également atteint des paroxysmes expressifs, insufflant une urgence sidérante dans le Molto allegro, évitant toute mièvrerie dans l'Andante (avec des vents alternant verdeur et lumière radieuse), imprégnant le bondissant Menuetto d'une pulsation rythmique rare, avant de conclure la soirée avec un Allegro assai aux allures de tempête (les rubato vrombissants, emmenés par des cordes graves saisissantes de puissance). On pensait avoir tout entendu avec les Harnoncourt, Brüggen ou Gardiner, on est cependant resté interdit par la véhémence du discours, dans une Salle Gaveau idéale pour ce type de musique et de formation.
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Salle Gaveau, Paris Le 28/01/2002 Isabelle APOSTOLOS |
| Le Concerto Köln joue Mozart et Haydn, Salle Gaveau, Paris. | Joseph Haydn
Symphonie n°26 Les Lamentations
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour basson K 191
Symphonie n°40
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