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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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La Création de Haydn avec le choeur et l'orchestre Anima Eterna, sous la direction de Jos Van Immerseel, Eglise Saint-Roch, Paris.
Immerseel sans état d'âme
© Marc Garnier
Jos Van Immerseel est infatigable. Claveciniste virtuose, pianofortiste impeccable, chef prodigieux, notre homme a décidément tout du Hollandais volant, hantant inlassablement les salles de concert européens. A l'église Saint-Roch, il dirigeait La Création, jouant les démiurges le temps d'un concert à la tête de son orchestre Anima Eterna.
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Eglise Saint-Roch, Paris
Le 12/02/2002
Yutha TEP
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Complicité artistique
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Outre La Création de Haydn, Jos Van Immerseel avait dans ses bagages, son orchestre Anima Eterna et, chose plus originale, “son” choeur du même nom, en réalité réunion d'une vingtaine de chanteurs choisis parmi les meilleurs du plat pays. Comme on pouvait s'y attendre, ce choeur “ad hoc” ne s'est pas tout-à -fait le digne partenaire de l'orchestre, manquant de cette homogénéité, de cette cohésion des voix qui font les vrais choeurs. Rien d'indigne cependant, rien en tout cas qui ait gêné l'éblouissante démonstration d'un orchestre survolté par la direction de Jos Van Immerseel. On ne sait que louer de plus entre la rondeur et le fondu des cordes, l'éclatante lumière des cuivres, ou la délicatesse des bois, le tout formant une machinerie sonore parfaitement huilée, mais rugueuse si besoin, feutrée ou tonitruante au gré des intenntion de son chef.
Et quel chef ! Jos Van Immerseel confirme tout le bien qu'on pensait de lui. A l'opposé d'un Harnoncourt tirant l'oeuvre vers la médiation grandiose aux couleurs somptueuses mais un brin corsetée par un manque de sensualité proverbiale, Van Immerseel entend véritablement peindre la Création divine dans toute sa diversité : le baron Van Swieten évoque des poissons, des tigres, des chevaux, l'auditeur aura droit à la traduction vocale de cette grande ménagerie. Mais que l'on se rassure, pas d'histrionisme déplacé ici, encore que l'humour parfois robuste de Haydn y trouve son compte. Ne se refusant aucun effet, Jos Van Immerseel parvient pourtant à imprégner à la partition une puissance narrative haletante, de l'évocation frémissante du chaos à la chaleureuse humanité de couple Adam et Eve.
Il est bien suivi en cela par la basse Harry van der Kamp, présence vocale indéniable, robustesse du timbre et du chant convenant cependant mieux à l'humain Adam qu'au hiératique Raphael. Sa promise, Eve, trouve en Soledad Cardoso une jeune fille sage. Remarquée quelques jours auparavant aux côtés de Gérard Lesne pour un oratorio de Scarlatti au Théâtre des Champs-Elysées, la voix mordorée de la soprano espagnole est un soleil, aux demi-teintes typiquement méditerranéennes, mais l'intonation et la technique ne semblent pas encore capables de défier les coloratures pourtant raisonnables de Gabriel.Rappelons, à sa décharge, qu'elle remplaçait presqune. Mais après tout, n'était-on pas venu écouter Jos Van Immerseel jouer les démiurges ? Dans ce domaine, on ne fut pas déçu, et il n'est pas sûr que le chef hollandais ait décidé comme Dieu, de prendre du repos le septième jour, une grande tournée devant mener ses troupes dans plusieurs pays d'Europe.
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Eglise Saint-Roch, Paris Le 12/02/2002 Yutha TEP |
| La Création de Haydn avec le choeur et l'orchestre Anima Eterna, sous la direction de Jos Van Immerseel, Eglise Saint-Roch, Paris. | Joseph Haydn : La Création
Soledad Cardoso soprano : Gabriel, Eve
Markus Schäfer ténor : Uriel
Harry van der Kampbasse : Raphael, Adam
Choeur &Orchestre Anima Eterna
Jos Van Immerseel direction | |
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