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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Elektra de Richard Strauss à l'Opéra du Rhin, Strasbourg.
Elektra magnétique
© Christian Lutz-Sorg
Une Elektra réussie n'est pas monnaie si courante, et la production de l'Opéra du Rhin a visiblement marqué son public : après notre collaborateur Pierre Breiner, c'est au tour de Gérard Corneloup d'exprimer son enthousiasme, aussi bien pour la mise en scène de Stéphane Braunschweig que pour la direction de Jan Latham-Koenig. Sans oublier bien sûr la distribution emmenée par Luana de Vol.
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Férocité de l'action et du texte, poursuite obsédante de la vengeance, frustration sexuelle, folie sous-jaçante, freudisme ambiant... Elektra se prête tout particulièrement aux lectures foisonnantes, aux relectures provocantes, aux effets de scènes accusés, aux rires démoniaques ou hystériques.
Le travail conçu par Stéphane Braunschweig use mais n'abuse jamais de ces composantes, construisant son travail scénique avant tout sur l'espace. Un espace noir autour de la baignoire immaculée où fut jadis tué Agamemnon. Un espace d'ébène, aux grands pans de murs, mobiles à l'occasion, et découvrant le lit du couple meurtrier où la mère se réfugiera, poursuivie par sa fille et le souvenir sanglant de son passé criminel. Un espace dans lequel les protagonistres pénètrent par d'étonnants miroirs-couloirs. Ils viennent là vivre, aimer, parler, accuser, se défendre, tuer. Jouant avec les ombres, avec le feu, avec les corps et les drapés, le travail à la fois riche et sobre du metteur en scène s'avère tout particulièrement convainquant, donnant aux diverses scènes dialoguées infiniment de vie, à commencer par le " duel " mère-fille, pivot de l'action.
Le travail réalisé dans la fosse par le chef Jan Latham-Koenig est un peu le prolongement du travail scénique. Point de déferlante continuelle, point d'effets d'intensité sonore endémiques, mais une lecture vivante, vibrante même, et cohérente de la partition straussiennne, avec ses bourrasques mais aussi ses relâchements, le tout fort bien servi par les divers pupitres de l'orchestre alsacien.
Il est vrai que le maestro bénéficie d'un trio vocal de première magnitude, tant dramatiquement que vocalement. Luana DeVol résiste superbement au poids scénique du rôle-titre, quasiment toujours en scène, avec un timbre riche et expressif, un aigu clair et vaillant. Snejinka Avramova est une Clytemnestre fascinante, à mi-chemin entre Lady Macbeth et une bourgeoise viennoise, au timbre chaud et envoûtant. Tout en contraste, la Chrysothemis de Nancy Weissbach développe un chant souple et délié, ne minorant point ce rôle trop souvent sacrifié. Chez les hommes, Jurgen Linn (Oreste) et Stefan Vinke (Egisthe) complètent heureusement le quintette de solistes, sans oublier le groupe très cohérent et vocalement parfait des servantes.
Un théâtre vrai, sobre et efficace, en parfaite symbiose avec la partition straussienne.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 03/03/2002 Gérard CORNELOUP |
| Elektra de Richard Strauss à l'Opéra du Rhin, Strasbourg. | Elektra, opéra de Richard Strauss
Direction musicale : Jan Latham-Koenig
Mise en scène et décors : Stéphane Braunschweig
Costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Eclairages : Marion Hewlett
Choeurs de l'Opéra National du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg
Klytämnestra : Snejinka Avramova – Elektra : Luana DeVol – Chrysothemis : Nancy Weißbach – Aegisth : Stefan Vinke – Orest : Jürgen Linn – Der Pfleger von Orest : Yves Ernst – Die Vertraute : Nicole Malbec – Die Schleppträgerin : Sabine Vinke – Ein junger Diener : Don Bennington – Ein alter Diener : Jean-Pierre Roddes – Die Aufseherin : Penelope Thorn – 1. Magd : Yaroslava Kozina – 2. Magd : Delphine Galou – 3. Magd : Katri Paukkunen – 4. Magd : Natalia Atamantschuk – 5. Magd : Anja Kampe
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