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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Les " bis " ont parfois du bon. Le vrai grand Rostropovitch, celui qui a bouleversé l'art du violoncelle dans la deuxième moitié du XXe siècle, qui a pu utiliser son universelle célébrité à des fins multiples, humanitaires et promotionnelles notamment, nous l'avons retrouvé quand il joua une sarabande de Bach en " bis ", après le Concerto en ut majeur de Haydn. Là , ce fut le miracle absolu, à tous égards. La simplicité totale et la sincérité sans ombres, un phrasé de rêve, des inflexions de génie, une sonorité irréelle, des nuances multiples mais vraies, et cette manière de donner vie à la musique, de la transformer en un propos universelle, compréhensible par tous dans l'instant, comme la plus émouvante des histoires qui nous serait contée. Mais avouons que cet instant de bonheur se fit quelque peu attendre.
Auparavant, il y eut par exemple un concerto de Haydn joué de manière très technique, certes, mais assez indifférente. On fut forcément admiratif devant la vitesse des doigts et la précision du coup d'archet, mais l'émotion n'était pas au rendez-vous. Et elle le fut encore moins avec la Parabola concertante : Le Pèlerin enchantée, pour violoncelle et orchestre de Rodion Shedrin. Force est d'avouer que les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs oeuvres, même quand il s'agit de bons copains... Dans le domaine de la musique au mètre, cette pièce – heureusement pas très longue – est assez exemplaire, et même l'archet magique de Rostropovitch n'y pouvait rien.
Mais ne soyons pas injuste, Rostro n'était pas seul, et il convient de ne pas oublier pas que le concert commençait par les Masques et Bergamasques et Fauré et s'achevait par la première symphonie de Mendelssohn : l'orchestre eut donc une belle occasion de faire valoir ses qualités. J'aurais aimé pouvoir apprécier lesdites qualités – ou les défauts – de l'Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d'Azur, mais j'avoue que, placé au deuxième rang très à droite, c'est-à -dire le nez sur les chaussures du deuxième violoncelliste, je n'ai eu qu'une idée très vague de l'homogénéité de l'ensemble, entendant essentiellement le dit violoncelliste et les contrebasses qui étaient derrière. On sait que les soirs comme celui-ci, les places s'arrachent, mais si l'on veut que nous puissions faire notre métier, encore faut-il veiller que nous soyons en condition d'entendre correctement. L'estrade de Gaveau est haute, et l'on est vraiment en état d'infériorité avec les musiciens sur la tête. Dommage, car Philippe Bender, vu d'en-dessous, avait l'air de se donner beaucoup de mal.
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Salle Gaveau, Paris Le 08/03/2002 Gérard MANNONI |
| Mtislav Rostropovitch et l'Orchestre de la Région PACA à la Salle Gaveau, Paris. | Fauré, Shedrin, Haydn & Mendelssohn
Mstislav Rostropovitch violoncelle
Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d'Azur
Philippe Bender direction | |
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