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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Lorin Maazel dirige l'Orchestre de la Radio Bavaroise, Ã Baden-Baden, Allemagne.
Maazel habite la Cinquième
On le sait, Lorin Maazel va présider aux destinées du New York Philharmonic. Mais avant de s'installer peut-être dans la Cinquième avenue, le chef allemand a pris ses quartiers dans une autre cinquième, celle de Mahler, donnant au passage à l'Orchestre de la Radio bavaroise l'occasion de faire montre d'une superbe que peu de formations peuvent lui contester.
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Indiscutablement, l'instrument est superbe : l'Orchestre de la Radio bavaroise est d'une homogénéité proverbiale, y compris en ce qui concerne le niveau d'âge de ses membres, avec une pyramide astucieusement harmonisée. Jeunes musiciens et vieux routiers sont voisins de pupitre, car chacun sait que le recrutement au sein de la phalange se fait davantage par cooptation que sur concours. A Munich, on a évité les déboires que la Philharmonie de Berlin a rencontrés lors du renouvellement de ses rangs, et qu'on a constatés un peu goguenard du fait des " bourdes " faites en concert, et spécialement dans Mahler. " Nous sommes virtuellement le meilleur orchestre d'Allemagne, " clamait un délégué des musiciens à la presse locale avant le concert. "Nous n'avons pas renouvelé la moitié de notre orchestre en 5 ans, beaucoup d'entre nous ont encore joué avec Kubelik et Jochum. Berlin a voulu enterrer Karajan et son fantôme plane plus que jamais sur la ville. "
Après des déclarations aussi fracassantes, le public allemand attendait beaucoup – et à juste titre – de cette prestation qui présentait la seule Cinquième de Mahler, vieux compagnon de route de Lorin Maazel : il la dirigera d'ailleurs de mémoire , sans sourciller. Prenant à bras le corps les cinq mouvements sans insister pesamment sur le célébrissime adagietto, l'ancien maestro de Cleveland cisèle amoureusement les petites cellules mélodiques, accentuant le " grinçant " des notes d'humour semées par Gustav Mahler, mettant en valeur la rigueur formelle de l'oeuvre, tout en déchaînant de véritables enfers lorsque la musique l'exige. Clins d'œil aux musiciens, sourires complices, le courant passe manifestement bien entre un orchestre en état de grâce et un chef content de lui comme à son habitude. Il faut admettre que devant une machine aussi bien huilée, on laisse facilement ses obligations de critique au vestiaire pour ouvrir ses oreilles et saliver comme un enfant devant une immense tarte à la crème !
Excellent artisan de son métier, Lorin Maazel s'est littéralement "baladé " dans une oeuvre qui épuise bien d'autres chefs. Lui semblait en forme à la fin et le public aurait bien dégusté un petit bis – il n'en fut malheureusement rien.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 09/03/2002 Pierre BREINER |
| Lorin Maazel dirige l'Orchestre de la Radio Bavaroise, à Baden-Baden, Allemagne. | Gustav Mahler : Symphonie n°5
Orchestre de la Radio Bavaroise
Lorin Maazel direction
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