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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Don Quichotte de Massenet à l'Opéra de Marseille.

Don Quichotte se mord la langue
© OpĂ©ra de Marseille

Décidément, Don Quichotte n'est pas une oeuvre facile à défendre. Après l'Opéra de Paris et une production sauvée par José Van Dam et la direction de Stéphane Denève, l'Opéra de Marseille vient d'en faire l'expérience à ses dépens. Avec des chanteurs qui auraient mieux fait de tourner deux fois leur langue (française) dans leur bouche avant de s'y aventurer.
 

Opéra, Marseille
Le 05/03/2002
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Le Don Quichotte de Massenet est une partition hybride qui doit ĂŞtre dĂ©fendue sur le terrain qui lui est le plus propice. D'une certaine manière, l'oeuvre est mal bâtie, en grande partie Ă  cause d'un livret qui dĂ©tourne les personnages de Cervantès de leur vraie vocation. En devenant une coquette de salon, DulcinĂ©e n'a plus de raison de sĂ©duire un Don Quichotte qui, transformĂ© pour sa part en une sorte de nouveau Christ, perd sa dimension picaresque. Ces personnages n'ont guère d'Ă©paisseur théâtrale, dans une intrigue sans autre rebondissement qu'un expĂ©dition punitive d'opĂ©rette. Restent cependant de très beaux morceaux de chant et de musique qui sauvent l'ensemble, et justifient que l'on donne encore l'ouvrage.
    Récemment, à l'Opéra de Paris, c'était José van Dam qui endossait cette responsabilité par le raffinement de son interprétation et la qualité de sa diction. Ce ne fut hélas guère le cas dans cette médiocre production marseillaise : seul au sein d'une distribution très faible, Michel Trempont rend justice au rapport mot-musique. Son Sancho, malgré les années qui passent, reste un modèle du genre. Et c'est tout ce qu'il y a à garder d'une soirée sans inspiration, qui situe l'intrigue au XVIIe siècle – pourquoi pas ? –, qui rend Dulcinée plus superficielle encore que ne le veut le livret et fait de Don Quichotte une figure totalement monolithique. Mais le plus gênant est que le texte reste absolument incompréhensible – à l'exception, répétons-le, de Sancho. Une fois de plus, s'agissant d'opéras français, vient l'éternelle question : pourquoi monter cet ouvrage si c'est pour le confier à un Italien à la voix certes bien sonore, mais qui ne maîtrise aucunement les sonorités les plus élémentaires de notre langue et qui, de plus, s'il ne chante pas vraiment faux, ne chante pas vraiment juste non plus ? Pourquoi confier Dulcinée à une jeune personne certes ravissante, je vous l'accorde, mais dont la voix plate n'a guère de portée ? Dans ces conditions, comment voulez-vous que l'ouvrage ne retombe pas comme un soufflé refroidi ? Nouvelle directrice de ce théâtre, et gérant pour l'instant les résultats d'une période assez chaotique avant d'annoncer sa propre saison, Renée Auphan a bien du travail en perspective !




    Opéra, Marseille
    Le 05/03/2002
    GĂ©rard MANNONI

    Nouvelle production de Don Quichotte de Massenet à l'Opéra de Marseille.
    Jules Massenet : Don Quichotte

    Tiziano Severini direction musicale
    Riccardo Canessa mise en scène
    Poppi Ranchetti décors
    Jean-Noël Levesvre costumes

    Avec Giacomo Prestia (Don Quichotte) – Michel Trempont (Sancho) – Elsa Maurus (Dulcinée) – Bruno Comparetti (Pedro) – Jean-Louis Meunier (Garcias) – Leonard Pezzino (Rogriguez) – Alain Gabriel (Juan) – Gil Kether (chef des bandits)

     


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