altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Concert anniversaire au Théâtre de Poissy avec les Musiciens du Louvre de Marc Minkowsky et la mezzo Anne-Sofie Von Otter.

Heureux comme des Poissy

L'histoire d'amour entre Marc Minkowski, les Musiciens du Louvre, Anne-Sofie von Otter et le Théâtre de Poissy remonte à plusieurs années. Elle avait connu un climax lors du mémorable Ariodante de janvier 1997. Les mêmes viennent de se retrouver pour un double anniversaire placé sous le signe d'une égale félicité.
 

Théâtre municipal, Poissy
Le 04/04/2002
Juliette BUCH
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • Chambre dĂ©sĂ©quilibrĂ©e

  • RĂ©gal ramiste

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • VoilĂ  dix ans dĂ©jĂ  que le Théâtre rĂ©novĂ© de Poissy bĂ©nĂ©ficie d'une acoustique sans rivale Ă  Paris et d'une programmation incroyablement relevĂ©e pour une commune de la banlieue parisienne. Pour cette double cĂ©lĂ©bration (les musiciens du Louvre fĂŞtaient aussi leurs vingt ans), Von Otter et Minkowski ont Ă©videmment interprĂ©tĂ© ce Scherza infida d'Ariodante qui est Ă  soi seul l'emblĂŞme d'une complicitĂ© et d'une alchimie digne des Callas et de Sabata.

    Mais le programme ne manquait cependant pas de nouveautĂ©s, Ă  commencer par cette cantate de Bach, Ich habe genug, qui ouvrait la soirĂ©e ; une apologie rĂ©currente de la mort et de ses bienfaits, sans conteste un chef-d'oeuvre de masochisme religieux rarement atteint.

    VĂŞtue de noir, profondĂ©ment imprĂ©gnĂ©e de sa culture protestante et nordique, Anne-Sofie von Otter en donne une lecture saisissante, presque morbide, et exprime avec une rage sombre et une dĂ©lectation quasiment extatique tous les Ă©tats successifs de l'interrogation mĂ©taphysique engendrĂ©e par l'approche de la mort : Bergman et Dreyer semblent planer sur cette interprĂ©tation inhabituelle, presque expressionniste.

    La Symphonie en Ré majeur de Carl Philipp Emmanuel Bach qui lui succède met, elle, en valeur, les qualités de l'orchestre. La construction est audacieuse, presque péremptoire et volontiers abrupte, mais le mouvement semble varié à l'infini. Malgré quelques approximations dans la cohésion des violons, Marc Minkowski délivre une énergie contagieuse en même temps que chaleureuse et caressante. Les flûtes, hautbois et bassons sont ici particulièrement bien servis.

    Anne-Sofie von Otter revient en scène non sans avoir troqué la veste noire des lamentations pour celle, rouge sang, de la passion amoureuse. Son Resign thy club est étourdissant de drôlerie et de rouerie féminine. Il semble avoir encore gagné en raffinement et en profondeur d'interprétation en regard du concert d'il y a deux ans. Mais ce sont les deux airs d'Ariodante que tout le monde attend.

    L'expérience de la scène à Garnier a manifestement permis au tandem de mûrir. Moins désincarné et angélique, le lunaire Scherza infida est devenu désespéré et névrotique. De son côté, s'il est toujours aussi virtuose, le solaire Dopo notte transpire déjà le désespoir à venir malgré sa joie extérieure.

    Triomphe absolu pour la chanteuse, qui salue au pupitre avec humour et sens du théâtre. On sait qu'elle va revenir, puisque Marc Minkowski, après avoir annoncé un bouleversement de l'ordre initialement prévu dans le programme, avait fait mention d'une " surprise"


    La seconde partie du concert est livrĂ©e Ă  la furie que dĂ©chaĂ®ne Jean Philippe Rameau pour son ultime chef-d'oeuvre opĂ©ratique : Les BorĂ©ades. Ici, la suite instrumentale extrapolĂ©e de l'opĂ©ra met en valeur une approche novatrice de l'orchestre, tant pour la virtuositĂ© que le sens des couleurs et du tissu sonore.

    Marc Minkowski n'est jamais en retard d'un coloris nouveau ni d'une rafale de vent (l'opéra mettant en scène le courroux des éléments). Sans négliger les dentelles dont regorge la partition, le chef n'oublie jamais le relief et la théâtralité qui constituent sa manière si caractéristique. Sous sa houlette, les inventions respectives de Rameau et de Haendel semblent se répondre et parfois se confondre.

    Les Bis furent divers en cette fin de concert : d'abord la Pizzicato Polka de Johann Strauss (une rĂ©elle « surprise Â» avec des instruments XVIIIe !) et, toujours Haendel, le cĂ©lĂ©brissime Ombra mai fu de Xerxès ; une lecture sobre et poignante comme un adieu impossible ? Oui, mais surtout une promesse de remettre le couvert avant dix ans.




    Théâtre municipal, Poissy
    Le 04/04/2002
    Juliette BUCH

    Concert anniversaire au Théâtre de Poissy avec les Musiciens du Louvre de Marc Minkowsky et la mezzo Anne-Sofie Von Otter.
    Jean-Sebastian Bach (1685-1750)
    Cantata BWV 82 "Ich habe genug"
    Aria - Recitativo - Aria - Recitativo - Aria

    Carl Philip Emmanuel Bach (1714-1788)
    Symphonie en RĂ© majeur H 663 - W183.1
    Allegro di molto - Largo - Presto

    Georg Frideric Haendel (1685-1759)
    Hercules (1744)
    Aria "Resign thy club" (acte II)

    Ariodante (1734)
    Aria "Scherza infida" (acte II)
    Aria : "Dopo Notte" (acte III)

    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
    Les Boréades - Suite d'orchestre

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com