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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Cycle : « Figures de femmes » à Radio-France.
Femmes de
bonne composition
Gary Hoffman interprète idéal de Graciane Finzi.
Pour le premier concert du cycle « Figures de femmes » à Radio-France, la programmation jouait sur la séduction avec Schéhérazade et Salammbô pour la légende, Betsy Jolas et Graciane Finzi pour l'expression contemporaine ; deux générations de créatrices qui méritent désormais la postérité.
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Triompher de Ravel ne relève pas à priori de l'évidence, mais partie était belle car le ballet féerique de Schérérazade n'est fait que des promesses d'un jeune musicien de vingt-quatre ans, énoncées dans une suite de brèves séquences qui tournent court, d'un orientalisme encore timide et sans prodiges.
Quant à la Salammbô de Heinz Tiesen, elle peut continuer de sommeiller dans le juste purgatoire où elle se trouve confinée depuis 1923. L'idée était intéressante de redécouvrir la personnalité d'un compositeur fortement engagé dans le mouvement berlinois des années 20 à 30, qui entendait mettre la musique au service des manifestations du prolétariat. Mais l'oeuvre est franchement peu convaincante. Tiesen donne une vision essentiellement démoniaque de la belle princesse d'Oscar Wilde, où la musique n'accorde aucune chance à l'ambiguïté du personnage, à sa grâce et à sa sensualité perverties.
Heureusement, avec le Concerto pour violoncelle de Graziane Finzi et Tales of a Summer Sea de Betsy Jolas, le concert réservait deux moments de vraie densité musicale. Écrit pour le violoncelliste Gary Hoffman, « dans le son de Gary Hoffman », la pièce de Graziane Finzi prend très vite la forme d'une balade pleine de réminiscences, de rêves et de tourments, où le soliste avance dans des paysages que la mémoire lui suggère, escorté par un orchestre parfois tenu à distance, parfois l'enveloppant de sonorités soyeuses, de mille bruissements aux modulations raffinées et imperceptibles lui indiquant de brusques chemins de traverse, dans un climat d'un bout à l'autre emprunt d'une nostalgie poétique et grave. Difficile d'imaginer une interprétation plus juste, plus intériorisée et plus convaincante que celle de Gary Hoffman.
Grand soleil en revanche, mais mer trompeuse pour Tales of a Summer Sea de Betsy Jolas (interdiction formelle du compositeur de traduire !), à l'origine musique de scène pour La Tempête de Shakespeare, adaptée pour grand orchestre en 1977 : rugissements et miroitements, plongées en eaux profondes, jeux de vagues et d'écume, scintillements et stridences, l'orchestre joue de toutes ses voix, multiplie les sources sonores, les combinent, les fait voler en éclats, s'offre des alliances audacieuses avec les cuivres et les percussions qui sonnent et tonnent. Et l'orchestre devient matière vivante, dégageant un sentiment de force tellurique et de jubilation généreusement dispensé par les musiciens du Philharmonique, sous la direction impeccable d'un Pascal Rophé en capitaine courageux.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 26/04/2002 Françoise MALETTRA |
| Cycle : « Figures de femmes » à Radio-France. | Maurice Ravel : Schéhérazade, ouverture de féerie
Graziane Finzi (née en 1945) : Errance dans la nuit, concerto pour violoncelle et orchestre (création mondiale)
Soliste : Gary Hoffman
Heinz Tiesen (1889-1971) : Salammbô, ballet Op.34 (création française)
Betsy Jolas (née en 1926) : Tales of a Summer Sea, pour grand orchestre
Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction : Pascal Rophé | |
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