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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Pelléas et Mélisande de Claude Debussy en version de concert avec le Mahler Chamber Orchestra dirigé par Marc Minkowski.
Pelléas donne son cent
Pour le centenaire du chef-d'oeuvre lyrique de la musique française du XXe siècle, cet indispensable et un indiscutable monument du répertoire qu'est Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, c'est la salle Favart qui accueillait Marc Minkowski à la tête du Mahler Chamber Orchestra pour une version de concert.
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Si l'on peut s'étonner que ce centenaire n'ait pas bénéficié d'une nouvelle production scénique à Paris, il faut remercier Marc Minkowski d'avoir dirigé cette version de concert dans cette même salle Favart où fut créée l'oeuvre le 30 avril 1902 précisément. D'ailleurs, avec le Mahler Chamber Orchestra dont la présence, comme celle de Madalena Kozena en Mélisande rappelait l'appartenance de l'oeuvre au grand répertoire international, Minkowski a montré qu'il est bien désormais le chef de toutes les musiques.
Sa lecture est intelligente, sensible, mettant en relief les plus belles couleurs de la partition, en soulignant tous les côtés passionnels aussi bien que les passages purement descriptifs, comme tout ce qui imite l'eau, ou les sanglots, ou encore les portes qui se ferment à la grande scène d'amour. Une approche donc très analytique en tous domaines, mais très homogène, car elle n'oublie jamais qu'il s'agit de théâtre, même sous la forme d'un concert.
On retrouvait en Pelléas l'excellent Jean-Sébastien Bou déjà remarqué à Rennes il y a quelques semaines et qui vient aussi de chanter le rôle en Italie. La voix est décidément celle du rôle- et sûrement de bien d'autres- et l'artiste brûle d'un feu intérieur d'une belle sincérité qui rend son interprétation passionnante et très vivante. Avec un physique plus fragile, et donc une autre image de Pelléas, il pourrait bien prendre la succession de François le Roux sur les scènes françaises et internationales.
Le même Le Roux est maintenant un Golaud impressionnant de souffrance et d'humanité, aux côtés du très bel Arkel de Jérôme Vanier et de la non moins séduisante Geneviève de Nathalie Stutzmann. Avec la voix si bien timbrée de Nicolas Testé en médecin et celle joliment diaphane d'Armelle Cardot en Yniold, on avait là un groupe de chanteurs qui, sans faire de chauvinisme, rendent optimistes sur notre école de chant actuelle.
Restait Madalena Kozena. Reconnaissons lui le mérite d'avoir, comme ses camarades, chanté dans un français absolument compréhensible de bout en bout. Mais est-elle vraiment Mélisande pour autant ? On est en droit de préférer une voix plus corsée, moins blanches dans l'aigu, plus sensuelle aussi.
Ravissante, Madalena Kozena a en outre cru bon d'afficher dès son entrée en scène un air de chien battu qu'elle garda en toutes circonstances, avec des mines perpétuellement effarouchées à donner envie à Pelléas également de lui tirer les cheveux ! Dans la salle, rehaussant la valeur de cette célébration, deux vétérans du monde debussiste, Hugues Cuénod qui est centenaire lui aussi, et Irène Aïtoff, sa cadette d'une année ou deux tout au plus ! Un autre monde.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 30/04/2002 Gérard MANNONI |
| Pelléas et Mélisande de Claude Debussy en version de concert avec le Mahler Chamber Orchestra dirigé par Marc Minkowski. | Avec Madalena Kozena (Mélisande), Jean-Sébastien Bou (Pelléas), François Le Roux (Golaud), Jerôme Garnier (Arkel), Nathalie Stutzmann (Geneviève), Nicolas Testé (Le Médecin), Armelle Cardot (Yniold). | |
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