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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Récital au Théâtre des Champs Elysées
Aldo Ciccolini : une ferveur irréductible
Aldo Ciccolini
Le 9 décembre dernier, le pianiste fêtait ses 70 ans au théâtre des Champs Elysées. Parmi les convives, on retient la présence de Domenico Scarlatti, Franz Schubert, Alexandre Scriabine et Franz Liszt, ses compagnons de toujours auxquels il fit honneur une fois de plus.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 09/12/1999
Roger TELLART
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Complicité artistique
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Cinquante ans de musique pour Aldo Ciccolini, révélé à la France par son succès au concours Long-Thibaud en 1949. Cinquante ans de piano au sommet, mais volontairement atypique ; un exemple à méditer devant la médiatisation forcenée de la vie musicale actuelle.
Antistar, comme il aime à se définir, Ciccolini, au fil des années, s'est ainsi totalement démarqué du circuit infernal imposé à tant d'artistes soucieux seulement de faire carrière.
Plus exactement, il oppose à la musique-business, devenue phénomène de consommation, un regard lucide et serein, en accord avec ses convictions profondes. Car, entré en concert comme d'autres entrent en religion, il reste un perfectionniste intransigeant, avant tout attentif à faire entendre ses exigences, sa ferveur et sa différence.
C'est cette différence qui faisait tout le prix de son récent récital jubilaire au Théâtre des Champs-Elysées, à travers quatre de ses compositeurs favoris : Scarlatti, Schubert, Scriabine et Liszt (manquait à l'appel le cher Satie, dont il fut l'avocat, avant tout autre).
Délaissant Scriabine et Liszt (où pourtant il excelle), je concentrerai mes impressions d'écoute sur les deux premiers noms du programme. D'abord, un Scarlatti miniaturiste -comme le veut la tradition pianistique-, à la fois fondamental et exquis. Ciccolini crée le reflet d'une Espagne abstraite et mythique mais néanmoins d'une incroyable proximité acoustique et d'une séduction rythmique immédiate.
Puis, le Schubert testamentaire de la Sonate en si bémol majeur, D. 960 : un Schubert installé dans la durée auquel les doigts du soliste donnaient tout son poids d'éternité. On retient particulièrement l'andante sostenuto abîmé dans l'accablement et cependant comme irradié, par instants, d'une espérance indicible. En dépit de ses 70 printemps, Ciccolini un authentique poète du piano à l'exact opposé des virtuoses standardisés aujourd'hui à la mode.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/12/1999 Roger TELLART |
| Récital au Théâtre des Champs Elysées | Théâtre des Champs Elysées, Paris | |
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