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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Capricciosa corretta de Vincente Martin Y Soler.
Bravo, chose rare !
© Marc Vanappelghem
" Bravi, Cosa rara ! " s'exclamait Leporello dans Don Giovanni. Voilà à quoi tient la postérité du compositeur Vincente Martin y Soler. La citation de Da Ponte n'était pas innocente, puisque ce dernier a collaboré à plusieurs reprises avec l'espagnol, notamment pour cette Capricciosa corretta qui vient d'être recréée à Lausanne.
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Plutôt que de rejoindre la cohorte de ceux qui n'ont d'autre idée en tête que de monter les grands opéras de Mozart, quitte à passer inaperçu dans un territoire passablement encombré, Christophe Rousset préfère jouer les découvreurs, se pencher avec affection sur des partitions oubliées, donner à ses Talens Lyriques un champ d'investigation original.
Lorsque, dans une bibliothèque de Sienne, il trouve la partition de La Capricciosa corretta, signée de Vicente Martin Y Soler, il s'enthousiasme. À peine si on se souvient aujourd'hui de ce contemporain d'Amadeus à travers sa Cosa rara. Rousset ne voit pourtant pas en lui un compositeur mineur, et même, dans le traitement de l'orchestre et particulièrement des instruments à vent, un maître des plus originaux.
Il décide donc d'établir une édition critique de ce dramma giocosa en deux actes, d'autant plus excitant que son livret est né de la plume de Lorenzo Da Ponte. Créé en 1795, l'ouvrage est destiné au public londonien. L'intrigue quoique mince, est plaisante : un père de deux enfants a épousé en seconde noces une insupportable chipie ; avec l'aide d'un valet astucieux, elle sera ramenée à la raison.
Tenant habilement compte de l'air du temps, la musique pétille, charme, enjôle, souligne le caractère des personnages qui ne sont plus seulement des types venus de la commedia dell'arte mais commencent à disposer d'une certaine épaisseur, et ne sont pas indignes des comédies de Goldoni.
Il est arrivé à Rousset de se montrer parfois timide dans le répertoire italien. Mais ici il gagne d'emblée ses marques, vivant, spirituel, variant tempos et couleurs. Il bénéficie, en outre, d'un plateau d'une si belle homogénéité qu'il peut paraître injuste de n'en citer que quelques éléments ; Josep-Miquel Ramon (Fiuta) et Marguerite Krull (Ciprigna) le dominent avant tout parce que leurs rôles, celui du valet et de la coquette, les mettent au premier plan.
Coproducteurs avec Lausanne, l'Opéra de Bordeaux et le Théâtre de la Zarzuela de Madrid applaudiront bientôt ce spectacle mise en scène par Rita de Letteriis avec infiniment de tact, de clarté et de goût. Naïve en éditera dans les mois qui viennent une version discographique.
Autant de raison de s'exclamer de nouveau avec Leporello, " Bravo, chose rare ! ".
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Opéra, Lausanne Le 08/12/2002 Michel PAROUTY |
| Nouvelle production de La Capricciosa corretta de Vincente Martin Y Soler. |
Les Talens Lyriques
Direction musicale : Christophe Rousset
Mise en scène : Rita de Letteriis
Avec Josep Miquel Ramon (Fiuta), Marguerite Krull (Ciprigna), Yves Saelens (Lelio), Enrique Baquerizo (Bonario), Carlos Martin (Don Giglio), Katia Velletaz (Isabella), Raffaella Milanesi (Cilia), Emiliano Gonzalez-Toro (Valerio). | |
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