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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création française de All Rise de Wynton Marsalis.
La symphonie chamarrée
© Lincoln Center
Retransmis simultanément sur les ondes de France-Inter et France Musiques, la création française du All Rise de Wynton Marsalis était assurément l'événement de ce début d'année. À l'image de son auteur, jazzman surdoué et touche-à -tout les répertoires, l'oeuvre ressemble à un kaléidoscope de références entre toutes les musiques.
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Le Théâtre des Champs-Élysées était plein à craquer et ressemblait à un immense club de jazz. Rassemblés sur scène, l'Orchestre National de France, les soixante choristes du Morgan State University et l'orchestre de Jazz du Lincoln Center promettaient le grand spectacle.
Dans le public, les aficionados et ceux qui visiblement ne demandaient qu'à être convertis, étaient venus assister à la création française de All Rise du compositeur-trompettiste américain Wynton Marsalis. Un oratorio-jazz, commandé par Kurt Masur en 1999, composé sur mesure pour l'Orchestre Philharmonique de New-York alors qu'il en était encore le patron, et créé la même année à l'Avery Fisher Hall de la ville.
Le nouveau chef de l'Orchestre National fait son entrée : barbe blanche impeccable, stature qui en impose, il s'immobilise et d'un geste large pointe le doigt vers le pupitre des trompettes. Wynton Marsalis se lève, salue et reprend sa place de simple instrumentiste de rang.
Avec lui, Paris accueillait un musicien protéiforme, formé au New Orleans Center et à la Julliard School, recruté à dix-huit ans par Art Blakey dans les célèbres Jazz Messengers, un musicien qui parle toutes les langues musicales, navigue entre le jazz (qu'il considère comme la musique classique afro-américaine), le baroque et le contemporain, improvise et développe une intense activité pédagogique.
Premier musicien de jazz à avoir reçu le Prix Pulitzer, il a fait de All Rise, sa première oeuvre symphonique, un véritable manifeste en forme d'épopée de la musique américaine où Ives, Gershwin et Bernstein côtoient Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Glenn Miller et Miles Davis, où l'influence de Stravinski et Jolivet (trompette oblige !) se fait furieusement sentir.
Trois sections en quatre mouvements se partagent des humeurs joyeuses, sombres ou dansantes. Les violons chantent le blues, soutenus par les cuivres qui pour un temps, mais un temps seulement, font pattes de velours, des " jam-sessions " les interrompent dans le plus style New Orleans, les choristes entonnent les gospels, alternant la déploration et le cri avec une ferveur qui se communique à la salle.
Changement à vue, on enchaîne et ça balance entre une valse viennoise, un charleston, un " Black Bottom Stomp " et une section rythmique scandée par le tutti des percussions. Les solistes s'exposent dans des soli vertigineux et multiplient les facéties tout en tenant le tempo avec une rigueur imparable.
Et c'est le très beau chorus final : " Levez-vous tous et faites-vous entendre ", où toutes les voix, tous les instruments fusionnent, pour supplier sans fin : " Oh, ne fuis-pas baby, ne fuis pas loin de moi ". On applaudit les artistes qui s'applaudissent entre eux et n'en finissent plus d'offrir des bis et d'improviser en " bœuf " comme on dit en jazz. Cela produisit un effet du même nom dans cette salle.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/01/2003 Françoise MALETTRA |
| Création française de All Rise de Wynton Marsalis. | (Jubal Step - A Hundred and a hundred - Go Slow - Wild Strumming of Fiddle - Save us
Cried, Shouted, Then Sung – Lokk Beyond – The Halls of Erudition – El Gran' Baile de la Reina – Expressbrown Local – Saturday Night Slow Drag – I am, Don't You Run From me)
Orchestre National de France
Lincoln Center Jazz Orchestra
Morgan State University Choir
Wyton Marsalis : trompette
Direction : Kurt Masur
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