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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert de l'Orchestre National de Lille dirigé par Jean-Claude Casadesus.

Deux messes sur les champs

D.R.

Coup double pour le premier concert 2003 de l'Orchestre de Lille : le choix de la messe Glagolitique signait sa contribution au grand cycle de musique tchèque Bohemia Magica qui s'achève, alors qu'Harold en Italie le place en tête des célébrations de l'année Berlioz.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 11/01/2003
Françoise MALETTRA
 



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  • InspirĂ© du poème de Lord Byron " Childe Harold's Pilgrimage ", Harold en Italie est en rĂ©alitĂ© largement nourri des souvenirs et impressions engrangĂ©s par le musicien au cours de son sĂ©jour Ă  Rome en 1830, annĂ©e de son premier grand prix, et de ses pĂ©rĂ©grinations Ă  travers la pĂ©ninsule.

    Berlioz s'en explique dans ses mĂ©moires : " J'imaginai d'Ă©crire pour l'orchestre une suite de scènes auxquelles l'alto solo se trouverait mĂŞlĂ© comme un personnage plus ou moins actif, conservant toujours son caractère propre. ".

    Ce personnage, c'est lui, Berlioz, qui confie à l'alto l'exaltation et la mélancolie du voyageur, tandis que l'orchestre l'accompagne de sérénades et de mélodies populaires glanées au hasard de sa déambulation, le provoquant par les couleurs et les sensations évocatrices des paysages sonores rencontrés.

    Gérard Caussé a longtemps fait d'Harold en Italie un de ses chevaux de bataille. Mais aujourd'hui il semble s'attacher à une stricte lecture du texte musical, sans réussir à installer une véritable présence de l'instrument et le rôle de médiateur que lui assigne Berlioz. Ce qui donne à son jeu un caractère souvent abrupt, en rupture avec l'orchestre auquel Jean-Claude Casadesus imprime un flux lyrique permanent. Un début à moitié réussi pour la grand-messe Berlioz.

    C'est d'un autre genre de messe qu'il allait être question La Glagolitique de Leos Janacek. Cette oeuvre appartient aux dernières années de la vie du compositeur, années fécondes qui verront les grands opéras, de Jenufa à Katia Kabanova ou La Maison des morts.

    Il s'agit là d'une pièce monumentale qui est moins, à proprement parler, une messe traditionnelle, qu'un hymne à la nation slave, un retour aux sources de la Grande Moravie, tel que Janacek, le patriote, l'apôtre du panslavisme s'en était fait le défenseur.

    Une messe non religieuse

    En appelant sa messe glagolitique (glagol signifie " parole "), en reprenant la traduction dans la vieille langue slavonne du texte latin de la messe, il faisait un acte politique, dĂ©clarant " avoir voulu faire le portrait de la fidĂ©litĂ© d'une nation, sur une base non religieuse, mais morale, qui en appellerait au tĂ©moignage de Dieu. "

    Et c'est vrai que la musique est ici à l'image d'un peuple rude, combatif et joyeux, célébrant l'essence divine de la nature. Les solistes énoncent les premières paroles du texte, et c'est au choeur d'implorer Gospodi Pomiluj (Seigneur ayez pitié), de laisser exploser la joie du Slava, Slava, (Gloire), de dire l'agonie du Christ, Rozpet ze za ny mucen (Crucifié pour nous), d'affirmer la force de la foi et du serment, Vieruju (Je crois), de traduire la douceur indicible du Svet, Svet (Sanctus), et l'allégresse de l'Amen.

    Aux voix puissantes des quatre chanteurs tchèques rĂ©pondait le magnifique choeur philharmonique de Brno, soutenu par l'orgue impĂ©rieux de Thierry Escaich. Au pupitre de l'Orchestre National de Lille, Jean-Claude Casadesus accentuait la théâtralitĂ© de la musique, en donnant tout son sens au " panthĂ©isme consolateur " dont l'oeuvre se rĂ©clame.

    Leos Janacek pensait que la Messe Glagolitique devait ĂŞtre exĂ©cutĂ©e en plein air, car, disait-il " Une Ă©glise c'est de la mort concentrĂ©e, des cryptes sous le dallage, partout des images de tortures et de trĂ©pas. Les cĂ©rĂ©monies, les prières, je ne veux rien avoir Ă  faire avec cela ! " Ici, elle a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e sur les Champs ce qui n'est dĂ©jĂ  pas si mal




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 11/01/2003
    Françoise MALETTRA

    Concert de l'Orchestre National de Lille dirigé par Jean-Claude Casadesus.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Harold en Italie (Symphonie concertante pour alto, Op.16)
    Soliste :: GĂ©rard CaussĂ©

    Leos Janacek (1854-1928)
    Messe Glagolitique (1926)
    Solistes :: Katarina Jovanovic (soprano), Mojca Vedernjak (mezzo-soprano), Yvgenyi Shapovalov (tĂ©nor), Peter Mikulas (basse)
    Choeur Philharmonique de Brno
    Orgue :: Thierry Escaich


     


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