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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Le Quatuor Ysaïe à la Maison de la Radio
Un Quatuor au bord de la crise de nerfs
Le quatuor Ysaïe fut la première formation française à remporter le premier prix du Concours d'Evian en 1988. Invité en janvier dernier à donner un récital à Radio-France, ce quatuor a cependant largement déçu. Des dissensions au sein de ses membres en serait sans doute l'explication.
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 30/01/2000
Antoine Livio (1931-2001)
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Depuis sa naissance, le Quatuor Ysaïe a déjà changé une fois de second violon et deux fois de violoncelle ce indique sans doute une recherche perpétuelle d'une certaine perfection. Et le choix récent de Marc Coppey au violoncelle est à mon sens une preuve du goût. Pour autant, le quatuor semble encore loin d'avoir trouvé son équilibre.
La pièce d'Anton Webern qui ouvrait le concert, "Langsamer Satz" est une de ces pièces hybrides, où l'art de Webern se décante à peine. Précédant de trois ans la "Passacaille", que le compositeur considérait comme son opus 1, on dénote dans ce mouvement lent aussi bien des relents mahleriens que wagnériens, qui, sous l'influence de Schönberg, dont Webern est encore l'élève, disparaîtront très vite. Les Ysaïe semblent à l'aise dans cette composition, où le compositeur ne l'est guère. Peut-être est-ce dû à la sécheresse de l'interprétation, à cette distanciation surprenante, chaque musicien jouant pour lui, renfermé dans son univers sonore.
Lorsqu'en fin de concert, le Quatuor Ysaïe abordera l'opus 127 de Beethoven, le mi bémol majeur, la mésentente ou plutôt le manque total d'entente entre les quartettistes sera à son comble. Seuls quelques beaux traits de violoncelle tenteront de compenser le visage douloureux d'un Marc Coppey. Les autres sont fermés, inexpressifs et le son n'est pas beau. Que se passe-t-il ? Justement, il ne se passe rien. Et je ne suis pas resté pour écouter le bis !
Le seul beau moment fut donc la création du deuxième Quatuor à cordes d'Eric Tanguy. Une oeuvre qui débute avec des luminosités chaleureuses et qui peu à peu semble déambuler dans un labyrinthe d'hésitations, d'obsessions et de drames incertains pour déboucher, au troisième mouvement, dans un espace sombre, de plus en plus inquiétant, pour ne pas dire pathétique. Telle fut mon impression, fasciné que j'étais par l'opposition des mariages de sons, d'une finesse diaphane et chatoyante, et l'atmosphère aux couleurs de plus en plus ténébreuse que j'évoquais tout à l'heure. Il y a dans l'écriture de Tanguy des petits bouts de phrases, vers arrachés à un poème perdu, qui sont comme des résurgences et émeuvent par leur simple apparition dans la texture sonore. C'est beau de langage et riche de sonorités et d'intention. C'est un voyage prenant, une perpétuelle découverte.
Pour conclure, j'apprends que Marc Coppey quitte le Quatuor Ysaïe. Ceci expliquerait-il cela ?
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 30/01/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| Le Quatuor Ysaïe à la Maison de la Radio | Récital du Quatuor Ysaïe
Oeuvres de Webern, Beethoven et Tanguy | |
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