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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production d'Eugene Onéguine de Piotr Illitch Tchaïkovski dans le cadre de la saison russe du Châtelet.

Bal tragique au Châtelet
© Marie-Noelle Robert

© Marie-Noelle Robert

En quinze ans, Valery Gergiev s'est dépensé corps et âme pour redonner au Mariinski le prestige qu'il avait atteint dans les années cinquante-soixante et qui s'était singulièrement dégradé depuis. Après un Démon en demi-teinte, le Mariinski a retrouvé sa superbe pour un Eugène Onéguine d'anthologie au Châtelet.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 24/01/2003
Françoise MALETTRA
 



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  • Inspiré de Pouchkine, l'intrigue de cet opéra simple et puissant évoque d'abord Tchekhov ou Flaubert, mais aussi Shakespeare ou Maeterlinck. En filigrane on pourrait y lire un Roméo et Juliette ou un Pelléas et Mélisande à la russe. C'est dire si l'oeuvre attachante.

    Pour cette production d'Eugène Onéguine de Tchaïkovski. La mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser est certes minimaliste, mais avec élégance et raffinement, elle respecte à la lettre le mot d'ordre impérieux de Tchaïkovski : " Je veux une mise en scène sans luxe qui correspond rigoureusement à l'époque. "

    Dont acte : campagne russe, couleurs tendres, paysans joyeux, fêtes princières, duel à l'aube et jeunes filles en fleurs. Les jeunes chanteurs du Mariinski (escortés de moins jeunes), ont l'âge et la fraîcheur des rôles. Ils sont beaux et jouent la comédie avec une justesse étonnante.

    Quant aux voix, elles sont déjà au niveau des meilleurs de leur génération (lire à ce sujet le compte-rendu d'un concert londonien de l'académie mariinski)Irina Mataeva a la mélancolie fiévreuse de Tatiana (l'air célèbre de " La lettre " fut un véritable moment de félicité).

    Ekaterina Sementchok a la vivacité espiègle d'Olga et un mezzo qui donne du caractère au personnage. Le ténor Daniil Shoda, l'excellent Lenski du dernier festival d'Aix en Provence, renouvelle l'exploit du jeune homme fou d'amour et de jalousie, et Vladimir Moroz incarne un Onéguine cynique et désespéré comme il se doit.

    En " guest-star ", Jean-Paul Fouchécourt, dans le rôle de Monsieur Friquet offrant un sonnet à Tatiana, se taille un franc succès en évitant le ridicule trop souvent affiché du vieux poète.

    Quant à Valery Gergiev, il a donné une interprétation très mozartienne de l'opéra qui en cernant de très près la psychologie des personnages, accentue tous les ressorts du drame. Ce soir-là, il était l'incontestable meneur du bal tragique et poignant orchestré par Tchaïkovsky.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 24/01/2003
    Françoise MALETTRA

    Nouvelle production d'Eugene Onéguine de Piotr Illitch Tchaïkovski dans le cadre de la saison russe du Châtelet.
    Scènes lyriques en trois actes et sept tableaux
    Livret de Piotr Illitch Tchaïkovski et Constantin Chilovski, d'après Pouchkine
    Créé le 29 mars 1879 au Théâtre Maly de Moscou

    Solistes, choeur et orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg
    Direction musicale : Valery Gergiev
    Mise en scène : Patrice Caurier et Moshe Leiser

    Avec Vladimir Moroz (Eugène Oneguine), Irina Mataeva (Tatiana), Daniil Shtoda (Lenski), Ekaterina Sementchouk (Olga), Mikhaïl Kit Le Prince Grémine), Svetlana Volkova (Madame Larina), Olga Markova-Mikhaïlenko (La Nourrice), Jean-Paul Fouchecourt (Monsieur Triquet).

     


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