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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Faust de Gounod à l'Opéra de Paris.
Contrat faustien
© Eric Mahoudeau
Créé le 3 juin 1975, le Faust de Gounod vu par le metteur en scène Jorge Lavelli est en train de battre tous les records de longévité. Scandaleux hier, classique aujourd'hui, Lavelli aurait-il passé un contrat avec le malin pour bénéficier d'une telle longévité ? Cependant, on murmure que serait sa dernière reprise
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En effet, la rumeur prétend Gérard Mortier souhaiterait un Faust nouveau qu'il programmerait dans deux ou trois ans. En presque trente ans, le spectacle de Lavelli a pris une dimension historique, et de scandaleux (il avait débuté en pleine grève de machinistes et sous les sifflets d'une partie du public de Garnier) il est devenu " culte ", comme Les Noces de Figaro mis en scène par Strehler.
Bien des distributions se sont succédé depuis la première qui réunissait Mirella Freni, Nicolaï Gedda, Nicolaï Ghiaurov, Robert Massard dans les principaux rôles, sous la baguette de Michel Plasson.
Depuis, les metteurs en scène d'opéra se sont lancés depuis dans de tels délires que les hardiesses de Lavelli et de Bignens paraissent bien sages et que l'on apprécie d'autant plus la force des images qu'ils proposent.
C'est donc sur la distribution que se porte avant tout l'attention. Elle est particulièrement internationale, avec des voix déjà entendues avec succès à l'Opéra dans d'autres ouvrages mais pas toutes bien à leur place ici pour autant.
Ainsi, l'américaine Mary Mills, belle Manon et bonne Micaela, excellente Infante dans Le Nain, n'a pas la vaillance d'une Marguerite pour les dimensions imposantes de la Bastille. Les qualités musicales de sa voix s'altèrent dès qu'il lui faut forcer pour être dramatique et c'est dommage.
Il en va de même du ténor mexicain Rolando Villazon. Il fut un bon Alfredo dans Traviata, mais l'emploi n'est pas le même. Faust est beaucoup plus héroïque comme écriture et sa très jolie voix (qu'il ne force en revanche jamais), a du mal à convaincre dans ces lieux à l'acoustique décidément inhospitalière.
Il forme néanmoins un couple très assorti à tous égards avec Mary Mills, jeune, bien investi théâtralement, avec un style raffiné. Petite déception aussi avec le Valentin de Dalibor Janis, curieusement figé et scolaire, alors que ce chanteur était si tonique et virevoltant en Figaro l'an dernier dans la production de Coline Serreau.
Kristinn Sigmunsson est un Méphisto de haute stature, à la voix très sonore et au jeu sans défaut. Les autres protagonistes ne déméritent pas, notamment Josep Miquel Ribot dont la belle allure et la voix solide donnent une présence réelle au bref rôle de Wagner.
La direction de Gary Bertini est tranquille, plus routinière qu'inspirée, et c'est vraiment la puissance dramatique du spectacle conçues par Lavelli et Bignens qui restera dans nos mémoires, surtout si cette production disparaît définitivement de l'affiche. Mais est-il bien raisonnable de vouloir mettre un terme à un contrat faustien ?
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Opéra Bastille, Paris Le 06/02/2003 Gérard MANNONI |
| Reprise de Faust de Gounod à l'Opéra de Paris. |
Orchestre de l'Opéra de Paris
Direction : Gary Bertini
Mise en scène : Jorge Lavelli
DĂ©cors et costumes : Max Bignens
Avec Rolando Villazon (Faust), Mary Mills (Marguerite), Kristinn Sigmundsson (Mephistophèles), Dalibor Janis (Valentin), Karine Deshayes (Siebel), Jospe Miquel Ribot (Wagner), Martine Mahé (Dame Marthe). | |
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