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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du baryton Dietrich Henschel accompagné par Shinya Okahara au piano.
Quoi de neuf Doktor ?
© Alvaro Yanez - Harmonia Mundi
Dietrich Henschel, c'est une présence, forgée en une dizaine d'années sur les plateaux d'opéra, depuis des débuts plus que remarqués en 1990 et confirmés par les prises de rôle qui allaient se succéder, en particulier le très exigeant Doktor Faust de Busoni. Aujourd'hui, Henschel consulte aussi en récital.
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Sur la scène du Châtelet, Dietrich Henschel paraît racé, élégant, visiblement impatient d'établir le contact avec le public. Aujourd'hui, il s'impose en récital en s'y engageant physiquement d'une manière impressionnante. Une nature où rien ne relève de convenu.
Dietrich Henschel, c'est surtout l'éloge de l'expression, parfois poussé jusqu'à l'excès. Il faut dire qu'il en a les moyens : profondeur du timbre, puissance vocale, et une tessiture si généreuse qu'elle lui permet de passer d'un registre à l'autre avec une aisance confondante.
En consacrant tout un programme aux Lieder de Strauss (certains très connus, d'autres moins), il se donnait toutes les chances de prouver qu'un chanteur d'opéra pouvait aussi être un véritable conteur, capable de captiver son public pendant une soirée entière.
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Après la mise en voix ample et rêveuse de Des Dichters Abendgang, il se fait ardent, presque fébrile, pour dire les peines de coeur avant la sérénité retrouvée des cinq Lieder de l'Op.15, romantique et charmeur dans l'évocation du bonheur conjugal des trois Lieder de l'Op.29, exalté dans les deux poèmes de Felix Dahn, puis il s'abandonne à la fête paillarde des Sept compagnons de beuverie, gaillardement soutenu par le piano alerte de Shinya Okahara.
Il redevient l'amoureux tendre et passionné du cycle de l'Op.10, composé par un Richard Strauss de 21 ans et qui annonce déjà Arabella et Le Chevalier à la rose. Même si on aurait aimé ici moins de puissance et plus de recherche de couleurs, Henschel ne s'y trompe pas en leur donnant l'allure d'opéras miniatures.
Comme il le fait pour les quatre Lieder de l'Op.19, où il trouve dans le dernier et bouleversant Mein Herz est stumm, mein Herz ist kalt, les accents les plus justes pour traduire la mélancolie de la vieillesse qui approche.
Et c'est la vibrante adresse d'un père à son fils (Lied an meinen Sohn), sur le très beau texte de Richard Dehmel, qui met fin au long parcours straussien, un air de concert sombre et agité, qui se souvient de Wagner. Henschel aussi, dont tout le programme semblait tendre à réduire sensiblement la frontière entre la théâtralité de l'opéra et la confidence du récital. De quoi attendre avec impatience la prochaine consultation.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 05/02/2003 Françoise MALETTRA |
| Récital du baryton Dietrich Henschel accompagné par Shinya Okahara au piano. |
Richard Strauss (1864-1949)
Des Dichters Abendgang, Op.47, n° 2 (1900)
(Promenade vespérale du poète - Ludwig Uhland)
Cinq Lieder, Op.15 (1884/86)
Madrigal – Michelangelo Buonarroti
Winternacht (Nuit d'hiver - Adolf Friedrich von Schack)
Lob des Leidens (Eloge de la souffrance – A.F. von Schack)
Aus den Liedern der Trauer (Chants de la tristesse – A.F. von Schack)
Heimkehr (Retour au pays – A.F. von Schack)
Trois Lieder, Op.29 (1895) – poèmes de Otto Julius Bierbaum
Traum durch die Dämmerung (Rêve au crépuscule)
Schlagende Herzen (Coeurs Ă©mus)
Nachtsang (Promenade nocturne)
Du meines Herzens Krönlein, Op.21, n° 2 (l888) (Petite couronne de mon coeur – Felix Dahn)
Ach weh, mir unglückhaftem Mann, op.21, n° 4 (1887/88) (Pauvre de moi – F. Dahn)
Von den sieben Zechbrüdern, Op.47, n° 5 (1900) (Les sept compagnons de beuverie – Ludwig Uhland)
Cinq Lieder, extraits de l'Op.10 (1885) – poèmes d'Hermann von Glim
Zweignung (Dédicace) – Nichts (Rien) – Die Nacht (La nuit) – Die Georgine – Le Dahlia) – Allerseelen (Toussaint)
Quatre Lieder, extraits de l'Op.19 (1885/88) – poèmes d'A.F. von Schack
Wozu noch, Mädchen (À quoi bon fillette) – Wie sollten wie geheim sie halten
(Comment la garder serète) – Hoffen und wieder verzagen (Espérer et perdre courage)-
Mein Herz ist stumm, mein Herz ist kalt (Mon coeur est muet, mon coeur est glacé)
Lied an meinen Sohn, Op.39, n° 5 (1898) (A mon fils – Poème de Richard Dehmel | |
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