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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du festival "Présences" de Radio-France.
Péché de vieillesse ?
Quelques jours avant sa clôture, le festival " Présences " donnait nettement l'impression de marquer une pause dans sa politique de création ; la seule nouveauté revenait en effet à Graciane Finzi et ses Mouvements pour orchestre. La présence de la légendaire Anja Silja suffirait-elle à compenser ?
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La 5e Symphonie de Henze (hommage oblige) et Les Sept Péchés capitaux de Kurt Weill ne sont certes pas des nouveautés. La seule création de ce concert revenait donc à Graciane Finzi. Ses Mouvements pour orchestre sont une commande de l'Orchestre National de Lille, où la compositrice est en résidence depuis septembre 2001. L'oeuvre est écrite sur mesure pour l'orchestre et dédiée à son chef Jean-Claude Casadesus.
Rien de bouleversant dans cette partition extrêmement séduisante, où s'affirme une fois de plus une maîtrise impeccable du matériau musical, mais une écriture qui à défaut de vouloir innover à tout prix, dessine un paysage mouvant, tout en courbes et en couleurs changeantes, sollicitant l'un après l'autre et avec habileté, tous les pupitres de l'orchestre pour créer une atmosphère transparente, presque irréelle.
Un premier moment, sombre, orageux, où le violon tente une éclaircie, vite masquée par les forces souterraines qui semblent à l'oeuvre pendant l'entière durée du mouvement.
Un second, autour d'une note pivot évoluant au milieu de l'orchestre, cernée par les instruments ou les effleurant dans un climat poétique et paisible, enchaînant avec une suite de courts dialogues en hommage aux solistes de l'orchestre, avant d'engager toutes les voix à monter en puissance dans un ostinato travaillé par une rythmique de plus en plus sophistiquée.
L'Orchestre National de Lille ne pouvait répondre qu'avec élégance et enthousiasme à la mise en beauté qui leur était offerte. Appelé lui aussi à apporter sa contribution à l'opération Henze, il donna une exécution très virtuose de la 5e symphonie du compositeur, la plus courte (à peine vingt minutes).
On y retrouvait, en citation, la tendre mélodie My own, my own extraite de la très belle Elégie pour jeunes amants, reprise dans une suite de variations et de cadences à la flûte, à l'alto et au cor anglais, conduisant à un final étourdissant en forme de mouvement perpétuel, dans lequel Henze entendait peindre les joies et les conflits sensuels suggérés par le bonheur voluptueux de la Rome du vingtième siècle.
On attendait alors d'Anja Silja, invitée en " guest star ", le grand frisson de la soirée. Hélas, les immenses souvenirs que l'on a de cette grande dame n'ont pas réussi à recréer la magie. La voix est devenue dure et âpre.
L'interprétation, d'un expressionnisme aux limites (souvent dépassées) de l'outrance, n'était pas celle de la " diseuse " qui doit jouer de tous les registres vocaux pour incarner le monde séparant les deux Anna dans leur traversée de l'enfer des grandes cités, mais celle d'une guerrière livrant bataille avec un orchestre beaucoup trop lourd pour elle. Dommage. Il ne faudrait surtout qu'elle invente un péché de vieillesse
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Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 11/02/2003 Françoise MALETTRA |
| Concert du festival "Présences" de Radio-France. | Graciane Finzi
Mouvements pour orchestre (2002)
Hanz Werner Henze
Symphonie n° 5 (1962)
Kurt Weill
Les Sept Péchés capitaux (1932)
(Prologue, Paresse, Orgueil, Colère, Gourmandise, Luxure, Avarice, Envie, Epilogue)
Orchestre National de Lille
Direction : Jean-Claude Casadesus
Anja Silja (soprano)
Jean Delescluse (ténor), Michel Fockenoy (ténor), Jean-Louis Serre (baryton) Bernard Deletré (basse). | |
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