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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Peter Phillips dirige le Collegium Vocale de Gand, Ă l'Ă©glise Saint-Roch, Paris.
Le Collegium en pleine Renaissance
Surtout connu pour ses réalisations de l'ère baroque, le Collegium Vocale de Gand se permettait une excursion dans la polyphonie Renaissance, plus précisément anglaise. Pour l'occasion, son chef et fondateur Philippe Herreweghe avait laissé la place au spécialiste Peter Phillips. Rencontre au sommet.
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Nul besoin de le signaler encore une fois : dans le monde musical parfois très compartimenté qu'est le nôtre, il est difficile pour un musicien, ou même un ensemble (choeurs et orchestres confondus), de s'autoriser la moindre pas hors des sentiers balisés par les us et coutumes – on n'ose dire le public et les critiques. Pourtant, Philippe Herreweghe avait été catégorique, notamment dans son interview accordé à Altamusica : le continent à défricher pour les prochaines années, c'est la musique Renaissance. Il est vrai que, malgré les formidables avancées – parfois diamétralement opposées – des Doulce Mémoire ou autre Huelgas Ensemble, ce répertoire garde une sorte de mystère qui promet des révélations étonnantes. On est heureux de voir que le chef belge, s'il est actuellement très occupé par son Orchestre des Champs-Elysées, est passé indirectement à l'acte, en invitant Peter Phillips à diriger sa phalange dans un programme bâti autour des Lamentations de Jérémie de Thomas Tallis.
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L'âme des Tallis Scholars n'a pas failli à sa réputation. Mise en relief exemplaire des voix, soin minutieux dans la sculpture des masses sonores, ou tout simplement sens irréprochable de l'architecture vocale, Peter Phillips est bien évidemment resté fidèle aux options musicales qui ont fait la légende des Tallis Scholars. Rien de neuf certes, mais pourquoi bouder cette extraordinaire transparence du contrepoint (il est aidé en cela par la discipline du Collegium, par l'inimitable fusion des pupitres, notamment chez des sopranos redonnant son sens à l'expression « chanter d'une seule voix ») qui établit comme une grâce aérienne – pour une fois, la très forte réverbération de l'église Saint-Roch trouve son utilité. Et force est de reconnaître que les timbres du Collegium Vocale, plus charnu que ceux des choeurs anglais, ajoutent juste ce qu'il faut de chaleur pour conférer à Tallis le lyrisme qu'on néglige trop dans cette littérature : après tout, c'est bien la chûte de Jérusalem que l'on pleure ici.
Mais les larmes n'étaient pas à l'ordre de la soirée, au terme de ce concert : on applaudit à deux mains le Collegium Vocale, et on espère le retrouver très vite dans cette musique. Et pourquoi pas, avec un petit supplément d'innovation – Paul van Nevel est invité régulièrement par le choeur de Gand.
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Eglise Saint-Roch, Paris Le 25/03/2003 Isabelle APOSTOLOS |
| Peter Phillips dirige le Collegium Vocale de Gand, à l'église Saint-Roch, Paris. | Thomas Tallis : Lamentations de Jérémie
ÂŚuvres de William Byrd, John Taverner & William Cornysh
Collegium Vocale Gent
Peter Phillips direction | |
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