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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Benvenuto Cellini par l'Orchestre de Paris, dans le cadre de Berlioz 2003, au Théâtre Mogador, Paris.

L'orfèvre était rugbyman

© Eric Sebbag

Christoph Eschenbach (© Eric Sebbag)

Paradoxalement, l' orfèvre Benvenuto Cellini ne fut guère, ce soir-là, un fin ciseleur. Mais fort heureusement, l'Orchestre de Paris, lui, extrait avec maestria, de ses chaudrons bien huilés, une statue flamboyante du compositeur. Et donne une belle démonstration du grand style romantique en général.
 

Théâtre Mogador, Paris
Le 02/04/2003
Anne-BĂ©atrice MULLER
 



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  • Christoph Eschenbach dĂ©ploie, en dirigeant l'orchestre de Paris, une Ă©nergie et un charisme communicatifs. La formation, une des meilleures d'aujourd'hui, offre des splendeurs harmoniques – les cordes, comme Ă  leur habitude – dignes de sa rĂ©putation et de la musique de Berlioz. Le tout dans une cohĂ©sion sans faille de personnalitĂ©s par ailleurs toutes remarquables. Ainsi, en particulier, honneur au pupitre des bois, avec des clarinettes et hautbois exceptionnels de fraĂ®cheur, de clartĂ© et de mĂ©lodie. Percussions impressionnantes par leur prĂ©cision et leur rĂ©alisme, vers la fin de l'acte II, dans leur rendu du grondement des fourneaux. Mais le chef et l'orchestre ont les dĂ©fauts de leurs qualitĂ©s. Lumineux, Ă©clatants, ils couvrent trop souvent des voix, qui se retrouvent comme perdues, en bord de scène, sous ce dĂ©luge musical. Ă€ leur dĂ©charge, force est de constater qu'il Ă©tait très difficile de « gĂ©rer » les handicaps d'une salle peu faite pour ce genre de dĂ©ferlement sonore.


    La distribution laisse perplexe. Si Hugh Smith/Bevenuto Cellini a le coffre d'un rugbyman, la voix n'est malheureusement pas vraiment à la hauteur. Le ténor nasille dans les diphtongues et pirate allègrement la langue française (« pa-lez plus pas ! », « Sir les mâts les plis sôvageô, que ne suis-je un sample pastor »). Aux prises avec les terribles difficultés d'un rôle de grand ténor romantique, en dépit de sa carrure impressionnante, le maître ciseleur n'a peut-être pas les épaules assez larges pour le rôle. Même si sa voix a de la puissance et du velouté. Grande technicienne, Annick Massis confirme aussi son timbre radieux, rond et fruité, sa prestance de diva. Présence scénique électrique, même dans une version de concert, rarement très flatteuse pour les interprètes. Bellissime. La mezzo Isabelle Cals a une belle puissance et un sacré abattage derrière un minois de chaton. Parfaite dans les rôles travestis, elle améliore sensiblement son élocution : désormais, on comprend presque tout ce qu'elle dit ! Impeccable Fieramosca – « méchant » comme il faut – de la basse Philippe Duminy (qui prouve que, sur scène, la carrure ne fait pas tout). Justesse parfaite, prononciation sans défaut. Vincent Le Texier se montre correct, sans relief particulier.




    Théâtre Mogador, Paris
    Le 02/04/2003
    Anne-BĂ©atrice MULLER

    Benvenuto Cellini par l'Orchestre de Paris, dans le cadre de Berlioz 2003, au Théâtre Mogador, Paris.
    Benvenuto Cellini, opéra semi-seria en deux actes d'Hector Berlioz (version Paris 1838), au théâtre Mogador, le 2 avril
    Version de concert

    Orchestre de Paris
    Violon solo : Roland Daugareil
    Choeur de l'Armée française, direction Pascale Jeandroz
    Ensemble vocal Michel Piquemal, direction Michel Piquemal
    Direction musicale : Christoph Eschenbach

    Avec Hugh Smith (Benvenuto Cellini), Vincent Le Texier (Balducci), Philippe Duminy (Fieramosca), Matthias Hoelle (le pape Clément VII), Adrian Dwyer (Francesco, artisan de l'atelier de Cellini), Nicolas Testé (Bernardino, artisan de l'atelier de Cellini), Pierre Doyen (Pompeo, spadassin), Loïc Félix (cabaretier), Annick Massis (Teresa), Isabelle Cals (Ascanio).

     


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