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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital d'Evgeni Kissin au Théâtre des Champs-Elysées, Paris.
Courageux Kissin
Même si le théâtre des Champs-Elysées affichait complet, il n'y avait pas de pianistes dans la salle, à une ou deux exceptions près. Kissin est un peu snobé par ses collègues français et d'ailleurs aussi par une partie de la presse. Ce n'est pas du piano « à la française » ni même vraiment à l'européenne, car c'est vraiment du piano très particulier, fou, inattendu, passionnant, flamboyant, provoquant et surtout, cette fois, courageux.
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Pour un pianiste dont la réputation s'est faite avant tout sur une technique incroyable et une approche assez foudroyante du grand répertoire virtuose du XIXe siècle, consacrer la première partie d'un récital à la grande Sonate en si bémol majeur D 960 de Schubert est en effet très courageux. Totalement perdue dans les rêves schubertiens les plus subtiles, les plus pudiques, les plus intériorisés, ancrée dans une tradition très particulière et une démarche émotionnelle absolument spécifique, cette sonate est un chef d'oeuvre absolu, mais un chef d'oeuvre que la plupart des pianistes redoutent d'aborder s'il n'ont pas été nourris très jeunes de cette culture.
Kissin n'est justement pas issu de cette tradition et si cela apparaît par moments, dans le choix de certaines accentuations, dans le dessin trop heurté du rubato ou dans la brutalité de certaines attaques, il se tire d'affaire de manière magistrale. Bien sûr, ce n'est pas le Schubert auquel nous sommes habitués, mais Kissin nous entraîne dans un fabuleux voyage fait de contrastes, de rêves, de rage, de poésie, avec toujours ce rapport à l'instrument totalement unique. C'est une sorte d'exploit pour un artiste qu'à priori rien de prédestine à entrer aussi profondément dans cet univers.
Ensuite, le reste du récital nous ramène au Kissin que l'on connaît déjà , celui aux mille doigts et aux cent cinquante mains, qui se joue des pluies de notes lisztiennes et des cascades d'accords comme s'il s'agissait de la gamme de do. Toujours séduit quand ça fait beaucoup de bruit, la salle se lève à l'issue de la 6e rhapsodie hongroise de Liszt donnée en troisième bis, inconsciente que le véritable exploit a eu lieu plus tôt dans la soirée et qu'il est infiniment plus difficile de bien phraser les thèmes de la sonate de Schubert que d'aligner avec légèreté les octaves à répétition « effet mandoline » de cette rhapsodie. Tant pis !
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 27/05/2003 Gérard MANNONI |
| Récital d'Evgeni Kissin au Théâtre des Champs-Elysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano n° 21 en si bémol majeur, D.960
Ständchen, Das Wandern, Wohin ?, Aufenthalt, lieder transcrits pour piano solo par Franz Liszt
Franz Liszt (1811-1886)
Sonnet de Pétrarque n° 104 extrait des Années de pèlerinage
Méphisto-Valse n° 1 | |
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