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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Premier concert de l'Intégrale de la musique pour piano à 4 mains de Schubert à la Salle Cortot, Paris.
Généreux duo à quatre mains
Jean-Claude Pennetier et Christian Ivaldi
Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier ont choisi la Salle Cortot pour offrir Schubert aux mélomanes parisiens. Cinq concerts, répartis entre ce 13 novembre et le 4 mars 2004, qui permettront d'entendre l'intégralité du répertoire pour piano à 4 mains du plus prolifique des compositeurs viennois.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
[ Tous les concerts ]
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Quand ils entrent en scène, c'est d'abord leur regard qui frappe, pétillant de malice pour Christian Ivaldi et tel celui d'un enfant à la veille de Noël pour Jean-Claude Pennetier. Puis dès qu'ils jouent, c'est un tout autre profil qu'ils donnent. Ivaldi calme et discret au rayon clé de fa et Pennetier presque coquet à la clé de sol. Si nos artistes disent de Schubert qu'il est un subtil alliage de pudeur et d'audace, de maîtrise et d'invention, la Grande Marche Héroïque qui entame le programme n'en donne cependant pas la preuve, et met son temps pour nous en convaincre !
Mais la Fugue qui suit, et dont le titre évoque plus aisément une certaine austérité, nous révèle des audaces mélodiques, rythmiques et harmoniques presque rauques, magnifiquement traduites par les interprètes. A chaque apparition du sujet, on a l'impression que c'est comme un trésor fragile que se passent les deux complices de main en main. Mais plus on avance dans la pièce, plus l'autorité du langage s'impose, pour finalement s'achever dans un murmure. Dans cette oeuvre plus souvent jouée à l'orgue qu'au piano, la vénération de Schubert pour Beethoven est plus que jamais palpable.
Quelle bonne initiative alors d'enchaîner un Rondo en la majeur pétillant de mille idées. Là , ce sont surtout les sonorités qui étonnent, au point que les quatre mains des pianistes sonnent parfois comme un quatuor à cordes. Dans la rue, les sirènes des pompiers font chorus avec les dernières notes, mais laissent heureusement la place libre à la si narrative Fantaisie en sol mineur, oeuvre qui reflète à quel point, pour Schubert, la séparation, le voyage, la solitude, furent des compagnons de vie. La peur de la mort se perçoit déjà dans cette oeuvre écrite à quatorze ans. C'est alors un Schubert tout juste majeur se moquant des armées qui clos la première partie du programme, avec les notes joyeuses et presque délurées des Marches Militaires.
Après l'entracte, les pianistes échangent leur place au clavier pour le Grand Duo qui apparaît comme une imposante symphonie, dans sa forme et dans sa structure en tous cas. Mais quand on pense à l'Inachevée, il est difficile d'être complètement indulgent avec ce mastodonte au classicisme encore beethovénien, déjà très modulant, au point de souvent brouiller l'impression de stabilité tonale.
Reste que dans le cadre d'une série de concerts qui vise l'exhaustivité, toutes les pièces ne peuvent être géniales, mais les jouer parfaitement, ce n'est déjà pas si mal, et ce qu'on retiendra avant tout du concert est l'immense talent des généreux Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier.
Prochains concerts :
Vendredi 12 décembre
Mercredi 14 janvier
Jeudi 19 février
Jeudi 4 mars
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Salle Cortot, Paris Le 13/11/2003 Eugénie Alécian |
| Premier concert de l'Intégrale de la musique pour piano à 4 mains de Schubert à la Salle Cortot, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Grande Marche Héroïque D 885 (1826)
Fugue D 952 (1828)
Rondo en la majeur D 951 (1828)
Fantaisie en sol mineur D 9 (1811)
Trois Marches Militaires D 733 (1818)
Sonate dite Grand Duo D 812 (1824)
Christian Ivaldi, Jean-Claude Pennetier
piano à quatre mains | |
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