Langsamer Satz se traduit simplement par mouvement plus lent. A l'audition, on ne prĂȘte en rĂ©alitĂ© aucune attention au tempo, certes fascinĂ© par la notion de mouvement, mais celui d'un tsunami dont les ondes avancent et reculent avec toujours plus de force et d'amplitude, jusqu'Ă  atteindre un paroxysme presque brĂ»lant, pour tranquillement redescendre et finir dans une douceur et un calme apaisant.

Ce n'est pas simplement par la beauté du son que le Quatuor Psophos provoque toutes ces sensations. Le petit groupe est physiquement tellement entraßné par l'oeuvre qu'il donne avec le plus de naturel des pianissimo de soie et des fortissimo volcaniques. Ecrite en 1905, l'oeuvre ne fut ni jouée, ni éditée du vivant de Webern, car appartenant au romantisme décadent indigne du tout jeune émule de Schönberg. La beauté et la valeur intrinsÚques de la piÚce furent finalement révélées dans les années soixante et ont petit à petit gagné à juste titre leur place dans le catalogue des chefs d'oeuvre du répertoire pour l'instrument à seize cordes.

A peine le temps de souffler, et c'est presque inquiet qu'on ose prĂȘter l'oreille Ă  la premiĂšre des 6 bagatelles. En moins de quatre minutes, toutes les ressources instrumentales du quatuor sont prĂ©sentĂ©es ainsi que toute l'originalitĂ© du style de Webern de 1913 : concision, dĂ©sintĂ©gration de la mĂ©lodie, du rythme, du timbre. Loin de dessĂ©cher le discours, toute la gamme des perceptions affectives humanisent ces quelques pages musicales, jusqu'Ă  les rendre quasi sensuelles, car bien sĂ»r les quatre musiciennes sont capables d'en extraire la substantifique moelle avec une rare expressivitĂ© et une technique impossible Ă  prendre en dĂ©faut. Mais surtout, les jeunes femmes savent captiver l'auditeur et l'entraĂźnent au plus profond du langage pourtant aride du compositeur viennois.

Vient enfin Berg, avec sa fameuse Suite Lyrique, dont les mélodies empruntent leur beauté au désespoir d'un compositeur jamais remis de son amour pour Hanna Fuchs, belle-soeur d'Alma Mahler. Mahler et Ravel semblent avoir beaucoup inspiré la veine mélodique de l'oeuvre. Si la construction de cette suite fait appel de maniÚre terre à terre à la science des numéros, la musique qui en surgit n'y fait pas du tout allusion. Les quatre dames nous l'offrent à la maniÚre d'une chorégraphie dont elles sont les créatrices. En somme, l'heur de vivre une magnifique heure de musique.

CrĂ©Ă© en 1997 au Conservatoire SupĂ©rieur de Musique et de Danse de Lyon, soutenu par Gilbert Amy, formĂ© Ă  Paris par le Quatuor YSAYE, le Quatuor Psophos – en grec Ă©vĂ©nement sonore – a la particularitĂ© d'ĂȘtre constituĂ© de quatre jeunes femmes.

Pour en savoir plus, le site internet du Quatuor psophos.