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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Liederabend de la soprano Annette Dasch au Théâtre de la Ville, Paris.
L'avenir du Lied
La jeune soprano allemande Annette Dasch
Avec un bonheur inégal, la plupart des chanteurs d'opéra chantent aujourd'hui le Lied et la mélodie. Tout un répertoire révélé peu à peu dans les années d'après guerre par quelques éminents spécialiste, dont Elisabeth Schwarzkopf, Dietrich Fischer-Dieskau, Hermann Prey, Irmgard Seefried, Christa Ludwig, Fritz Wunderlich, est passé dans les gosiers de tout un chacun, y compris dans celui de la toute jeune Annette Dasch.
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De manière générale, les chanteurs aiment apparemment le côté exhibition personnelle de l'entreprise « Liederabend », même si rien ne prédispose à priori certains à cela. Quelle satisfaction, donc, de découvrir en la jeune allemande Annette Dasch, 27 ans, une artiste qui paraît bien apte à prendre la relève d'une spécialité à nulle autre pareille.
Cela ne veut pas dire qu'elle ne chante que cela, pas plus que ne le firent Seefried ou Schwarzkopf. Dans quelques mois, elle sera Pamina au Théâtre des Champs-Élysées sous la baguette de René Jacobs, exemple de la belle carrière qu'elle entame aussi au théâtre. Mais voilà , elle tient d'emblée à affirmer que le Lied est aussi important pour elle que le grand opéra. Et elle le prouve avec cet excellent récital au Théâtre de la Ville.
Grande et très belle, le visage rayonnant d'une vraie joie de chanter, Annette Dasch possède une voix d'une santé parfaite, sur toute la tessiture. Une voix qui va certainement grandir avec le temps, car elle porte déjà très loin et sonne bien souvent comme un authentique soprano lyrique. On songe un peu à cette égard, à une Soile Isokoski, timbre aussi franc, émission aussi bien contrôlée, et potentiel très évolutif. Ce qui différencie souvent les vrais chanteurs de Lied des autres, c'est le travail d'articulation qu'ils font sur le texte. Aucune approximation, mais au contraire une diction qui se rapproche de celle des acteurs de théâtre, avec la musique et le phrasé en plus.
Annette Dasch maîtrise cela au plus haut degré, sachant qu'elle n'a pas à se soucier outre mesure du placement d'un voix qui semble naturellement savoir exactement comment sonner sans que la cantatrice fasse le moindre effort. Elle chante comme elle parle, sans la moindre distorsion du visage, sans que le corps ne révèle la moindre prise de souffle. Alors, les mille histoires que racontent le beau programme qu'elle a choisi nous touchent directement. Les styles, les climats, les couleurs, les humeurs changent au fil des minutes dans le plus parfait naturel. On écoute, on vit intensément avec elle. C'est vraiment ça, un récital de Lieder.
Alors, aucune restriction ? Disons seulement que la voix peut encore gagner en arrondi dans l'aigu et dans le haut médium où elle sonne avec presque trop d'éclat. Disons aussi que sa ravissante soeur n‘est sans doute plus l'accompagnatrice idéale. Son piano a semblé un peu trop discret et simplement joli pour soutenir la force expressive de la voix. Les grands interprètes de Lieder ont souvent choisi comme partenaires les plus grands pianistes de leur temps. Il faut conseiller à Annette Dasch de faire de même. Elle peut se le permettre.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 19/01/2004 Gérard MANNONI |
| Liederabend de la soprano Annette Dasch au Théâtre de la Ville, Paris. | Schumann, Wolf, Martin, Strauss
Annette Dasch, soprano
Katrin Dasch, piano
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