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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital d'Alexander Ghindin Ă la salle Gaveau, Paris.
Manque d'âme et de communication
Dans la lignée d'un Arcadi Volodos mais avec moins d'impact, le jeune pianiste russe Alexander Ghindin a fait aux auditeurs de la salle Gaveau une belle démonstration de virtuosité. Comme tout bon pianiste russe, un technicien de haut vol, mais ici hélas un certain manque d'âme, doublé d'une réelle panne dans la politique de communication de la salle Gaveau.
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Avant tout commentaire sur la qualité de ce récital, regrettons qu'il se soit déroulé devant environ cent cinquante ou deux cents personnes, dans une salle Gaveau donc presque désertique. Cette salle manque décidément d'un système de communication adéquat car, si l'on veut bien y réfléchir, il n'y a aucune raison artistique réelle au fait qu'un Ghindin n'attire que si peu de monde, alors qu'une Annette Dasch, totalement inconnue à Paris, remplisse le Théâtre de la Ville pour son premier récital chez nous, ou que les Prazák et Frank Braley remplissent les Bouffes du Nord qui n'est pas la meilleure salle de concerts de Paris et qui n'est pas non plus mieux située que Gaveau. Certains savent y faire, d'autres pas ! Dommage vraiment qu'un si beau lieu reste en général si peu fréquenté, à l'évidence par manque de politique cohérente et bien pensée dans ce domaine aujourd'hui primordial de la communication.
Alexander Ghindin, solide gaillard de vingt-sept ans, joue très bien du piano, mais avec le programme qu'il a choisi pour ce récital, il est assez difficile d'en dire plus sur ses réelles qualités d'interprète, un peu comme pour Volodos récemment au Théâtre des Champs-Elysées. En ne jouant que des transcriptions brillantes pour la plupart il faut un vrai génie pour révéler l'étendue de sa personnalité.
Il est très divertissant pour l'auditeur ébloui d'entendre défiler tant de notes à une telle vitesse, et l'on trouve de très beaux effets de piano-orchestre dans l'ampleur du son ou de piano-violon dans sa fluidité, mais même dans les Six Epigraphes antiques transcrits par Debussy lui-même, il transparaît peu de poésie et la palette de couleurs du pianiste reste pauvre. De même, l'impondérable Auf dem Wasser zu singen de Schubert transcrit par Liszt perd ici toute sa fraîcheur et son joyeux mystère panthéiste, un peu par la faute de Liszt, davantage encore par celle de Ghindin.
Alors, encore une fois comme pour Volodos, on regrettera que tant de possibilités techniques et de qualités instrumentales ne servent pas à apporter une véritable interprétation personnelle, forte, marquante, même à des pages comme celles-ci qui mériteraient un supplément d'âme, de communication.
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Salle Gaveau, Paris Le 29/01/2004 GĂ©rard MANNONI |
| Récital d'Alexander Ghindin à la salle Gaveau, Paris. | Bach/Busoni – Schubert/Liszt – Debussy – Verdi/Liszt
Alexander Ghindin, piano | |
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