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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Nouvelle production du Fou de Marcel Landowski au Théâtre Mogador, Paris.
Entre science et conscience
François Leroux (Peter Bel)
Cinquante ans après sa création, Le Fou de Marcel Landowski met en jeu avec une troublante modernité la responsabilité du savant face aux tragédies annoncées de l'arme nucléaire. Une oeuvre expressionniste, saisie dans sa réalisation par les technologies les plus fines, et magistralement interprétée.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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A delà de la qualité exceptionnelle du spectacle, cette nouvelle production du Fou de Marcel Landowski est un hommage à l'homme qui pendant les huit années qu'il passa à la Direction de la Musique (de 1966 à 1974) transforma radicalement le paysage musical français, redonnant aux régions en déshérence des orchestres dignes de ce nom, refondant les statuts des maisons d'opéra, et favorisant sur tout le territoire la création de nouveaux conservatoires.
Une soirée qui était bien celle de la reconnaissance envers l'oeuvre de l'homme et du musicien : sur scène, l'Orchestre de Paris, dont la création fut son premier acte de patron à la Direction de la Musique en 1967, et un opéra produit à l'initiative du Châtelet, un théâtre auquel il donna un nouveau destin lors de son passage aux commandes des Affaires Culturelles de la ville de Paris.
Le fou, c'est Peter Bel, un savant qui dans une ville en guerre possède l'arme totale permettant de sauver la cité menacée par l'attaque imminente de l'ennemi, et qui préférera mourir plutôt que de consentir à l'utilisation militaire de sa découverte. Troublante modernité d'un débat entre science et conscience, à une époque (1956) où planait l'horreur de la bombe atomique comme un futur probable – écrit le metteur en scène Giuseppe Frigeni – qui n'est que l'amplification du savoir présent.
Dans les années où l'écriture musicale s'ouvrait à des expériences limites, Marcel Landowski livre une partition expressionniste, d'une totale liberté, parcourue par un flux mélodique que dramatise l'usage de l'onde Martenot et de la bande magnétique, et surtout d'une humanité poignante dans le traitement des voix soutenu par une prosodie exemplaire.
Dans un univers en noir et blanc, la mise en scène de Giuseppe Frigeni concentre le drame sur les personnages qui évoluent lentement ou restent figés, hiératiques, creusant leur incommunicabilité, émergeant du vide et s'y engloutissant. Sur l'immense écran déployé en fond de scène, les images virtuelles infographiques, modulables à l‘infini, de Grégory Pignot, dessinent avec un synchronisme surprenant des « paysages mentaux » violents ou poétiques, entre abstraction et réalisme.
La distribution, entièrement française, est dominée par François Le Roux qui incarne magnifiquement la solitude tragique du savant face à la volonté politique du Prince, et par Nora Gubisch qui donne une très belle présence à Isadora, l'épouse déchirée qui le trahira. A leurs côtés, Jean-Luc Chaignaud et Jean-Pierre Furlan sont excellents. Un grand coup de chapeau au remarquable travail du choeur du Châtelet et à l'Orchestre de Paris, acteurs à part entière d'une réussite qui doit beaucoup à la direction de Pascal Rophé. Rigoureuse et en même temps d'une grande souplesse, elle lui permet de fédérer toutes les composantes du spectacle, dans une vision globale saisissante. Justice est faite !
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Théâtre Mogador, Paris Le 02/02/2004 Françoise MALETTRA |
| Nouvelle production du Fou de Marcel Landowski au Théâtre Mogador, Paris. | Marcel Landowski (1915-1999)
Le Fou, drame lyrique en trois actes et cinq tableaux
Livret du compositeur
Créé le ler février 1956 au Grand Théâtre de Nancy
Nouvelle production du Théâtre du Châtelet, présentée au Théâtre Mogador dans la cadre de la collaboration avec l'Orchestre de Paris.
Choeur du Théâtre du Châtelet
Orchestre de Paris
direction Musicale : Pascal Rophé
préparation des choeurs : Michel Tranchant
mise en cène, scénographie et éclairages : Giuseppe Frigeni
costumes : Amélie Haas
création infographique en temps réel : Grégory Pignot
collaboration à la scénographie multimédia : Jean-Luc Soret
Avec :
Nora Gubisch (Isadora), François Le Roux (Peter Bel), Jean-Luc Chaignaud (Le Prince), Jean-Pierre Furlan (Artus), Salomé Haller (Le Feu), Yuri Maria Saenz (soprano solo), Bernard Arrieta, Pascal Bourgeois, Frédéric Martins (trois voix intérieures), Yuri Maria Saenz, Isabelle Poinloup (deux chiffres), Aurélie Toulia et Olivier Follet (voix enregistrées). | |
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