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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production du Fou de Marcel Landowski au Théâtre Mogador, Paris.

Entre science et conscience
© M. N. Robert

François Leroux (Peter Bel)

Cinquante ans après sa création, Le Fou de Marcel Landowski met en jeu avec une troublante modernité la responsabilité du savant face aux tragédies annoncées de l'arme nucléaire. Une oeuvre expressionniste, saisie dans sa réalisation par les technologies les plus fines, et magistralement interprétée.
 

Théâtre Mogador, Paris
Le 02/02/2004
Françoise MALETTRA
 



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  • A delĂ  de la qualitĂ© exceptionnelle du spectacle, cette nouvelle production du Fou de Marcel Landowski est un hommage Ă  l'homme qui pendant les huit annĂ©es qu'il passa Ă  la Direction de la Musique (de 1966 Ă  1974) transforma radicalement le paysage musical français, redonnant aux rĂ©gions en dĂ©shĂ©rence des orchestres dignes de ce nom, refondant les statuts des maisons d'opĂ©ra, et favorisant sur tout le territoire la crĂ©ation de nouveaux conservatoires.

    Une soirée qui était bien celle de la reconnaissance envers l'oeuvre de l'homme et du musicien : sur scène, l'Orchestre de Paris, dont la création fut son premier acte de patron à la Direction de la Musique en 1967, et un opéra produit à l'initiative du Châtelet, un théâtre auquel il donna un nouveau destin lors de son passage aux commandes des Affaires Culturelles de la ville de Paris.

    Le fou, c'est Peter Bel, un savant qui dans une ville en guerre possède l'arme totale permettant de sauver la cité menacée par l'attaque imminente de l'ennemi, et qui préférera mourir plutôt que de consentir à l'utilisation militaire de sa découverte. Troublante modernité d'un débat entre science et conscience, à une époque (1956) où planait l'horreur de la bombe atomique comme un futur probable – écrit le metteur en scène Giuseppe Frigeni – qui n'est que l'amplification du savoir présent.

    Dans les années où l'écriture musicale s'ouvrait à des expériences limites, Marcel Landowski livre une partition expressionniste, d'une totale liberté, parcourue par un flux mélodique que dramatise l'usage de l'onde Martenot et de la bande magnétique, et surtout d'une humanité poignante dans le traitement des voix soutenu par une prosodie exemplaire.

    Dans un univers en noir et blanc, la mise en scène de Giuseppe Frigeni concentre le drame sur les personnages qui Ă©voluent lentement ou restent figĂ©s, hiĂ©ratiques, creusant leur incommunicabilitĂ©, Ă©mergeant du vide et s'y engloutissant. Sur l'immense Ă©cran dĂ©ployĂ© en fond de scène, les images virtuelles infographiques, modulables Ă  l‘infini, de GrĂ©gory Pignot, dessinent avec un synchronisme surprenant des « paysages mentaux Â» violents ou poĂ©tiques, entre abstraction et rĂ©alisme.

    La distribution, entièrement française, est dominée par François Le Roux qui incarne magnifiquement la solitude tragique du savant face à la volonté politique du Prince, et par Nora Gubisch qui donne une très belle présence à Isadora, l'épouse déchirée qui le trahira. A leurs côtés, Jean-Luc Chaignaud et Jean-Pierre Furlan sont excellents. Un grand coup de chapeau au remarquable travail du choeur du Châtelet et à l'Orchestre de Paris, acteurs à part entière d'une réussite qui doit beaucoup à la direction de Pascal Rophé. Rigoureuse et en même temps d'une grande souplesse, elle lui permet de fédérer toutes les composantes du spectacle, dans une vision globale saisissante. Justice est faite !




    Théâtre Mogador, Paris
    Le 02/02/2004
    Françoise MALETTRA

    Nouvelle production du Fou de Marcel Landowski au Théâtre Mogador, Paris.
    Marcel Landowski (1915-1999)
    Le Fou, drame lyrique en trois actes et cinq tableaux
    Livret du compositeur
    Créé le ler février 1956 au Grand Théâtre de Nancy

    Nouvelle production du Théâtre du Châtelet, présentée au Théâtre Mogador dans la cadre de la collaboration avec l'Orchestre de Paris.

    Choeur du Théâtre du Châtelet
    Orchestre de Paris
    direction Musicale : Pascal Rophé
    préparation des choeurs : Michel Tranchant
    mise en cène, scénographie et éclairages : Giuseppe Frigeni
    costumes : Amélie Haas
    création infographique en temps réel : Grégory Pignot
    collaboration à la scénographie multimédia : Jean-Luc Soret

    Avec :
    Nora Gubisch (Isadora), François Le Roux (Peter Bel), Jean-Luc Chaignaud (Le Prince), Jean-Pierre Furlan (Artus), Salomé Haller (Le Feu), Yuri Maria Saenz (soprano solo), Bernard Arrieta, Pascal Bourgeois, Frédéric Martins (trois voix intérieures), Yuri Maria Saenz, Isabelle Poinloup (deux chiffres), Aurélie Toulia et Olivier Follet (voix enregistrées).

     


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