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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise des Capulet et Montaigu de Bellini mis en scène par Robert Carsen à l'Opéra Bastille, Paris.
Tous atouts réunis pour Bellini
Ruth Ann Swenson (Giulietta) et Daniela Barcellona (Romeo).
Reprise à l'Opéra Bastille des I Capuletti e i Montecchi de Vincenzo Bellini, dans la production de Robert Carsen, cette fois dirigée par Bruno Campanella. A la beauté plastique de la mise en scène s'adjoignent cette année des voix choisies avec un rare bonheur et une magnifique direction d'orchestre.
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La longue mélodie bellinienne, flot quasi ininterrompu de trois heures de musique, exige des interprètes aux moyens solides et une impeccable cohésion d'ensemble. Dès l'ouverture, conduite avec cette imperceptible nostalgie romantique qui fait comme flotter en apesanteur sa trop vive et trop évidente cavalerie, on sent déjà que la soirée sera belle.
Entre déplacements presque chorégraphiques du choeur, tableaux Renaissance admirablement mis en lumière par Davy Cunningham, la mise en scène tout en rouge et noir de la baroque histoire des amants de Vérone échappe à tout kitsch comme à toute modernisation standardisée. Pourpoints de velours rouge sang, épées tirées au clair, tout cela est bien sûr vient en droite ligne du XVIe siècle.
Le décor épuré, les émotions à vif sont de toujours, et constamment cohérents avec la partition bellinienne. Evoquons simplement la descente de Juliette dans son trépas factice, où l'on voit se redresser, pour une trop tardive réconciliation, Capulets et Montaigus tout juste entretués. Rarement on a entendu plus poignante clarinette solitaire qui soutient cette scène muette, mais la direction de Bruno Campanella se sera avérée de bout en bout magnifique.
Vocalement parlant, l'atout majeur de la soirée est bien sûr la présence de la formidable mezzo Daniela Barcellona. L'Italienne compose un Roméo tout d'intégrité, d'une puissance et d'une émotion sans la moindre relâche. Son timbre épouse à merveille le soprano sain et franc de Ruth Ann Swenson, Juliette virtuose et sans fêlure. Peut-être moins émouvante que sa consoeur, l'Américaine n'en est pas moins une admirable belcantiste.
Les voix masculines ne sont pas en reste non plus : excellent Tebaldo de Tito Beltran, au magnifique timbre de ténor lyrique, qui vaut bien mieux, pour la tenue de la ligne de chant et la maîtrise du vibrato, que bien des ténors starisés ; bon Lorenzo de Giovanni Battista Parodi ; et correct Capellio de Giovanni Furlanetto, peut-être un peu faible vocalement mais scéniquement tout à fait crédible.
Incontestablement, l'Opéra Bastille avait pour cette reprise réuni tous les atouts pour un magnifique Bellini.
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