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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Récital de Vadim Repin et Itomar Golan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Violon souverain
Plus éblouissant que jamais, Vadim Repin a donné au TCE un récital au programme sagement romantique et contemporain, accompagné au piano par Itomar Golan. Et comme à chaque concert, le jeune russe nous avait concocté des « bis » de la plus phénoménale virtuosité. Du violon souverain, assurément.
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Bien que détenteur de l'une des techniques les plus accomplies que l'on puisse imaginer – et il l'a prouvé notamment en bis avec la Carmen Fantaisie de Frank Waxman déployant l'arsenal le plus fulgurant de l'instrument – Vadim Repin se veut d'abord musicien. Si l'on voulait établir une comparaison avec le monde du piano russe, on pourrait dire qu'il est plus proche d'un Lugansky que d'un Volodos. Par la sûreté sans tâche de l'archet, le contrôle du vibrato, la puissance intérieure et le rayonnement du jeu, on pense aussi immanquablement à David Oïstrakh, pour rester dans le domaine du violon.
La Troisième sonate de Grieg qui ouvre ce récital est une page attachante, avec sa nostalgie nordique si typique et ses humeurs parfois contradictoires. Il y a de brefs moments de révolte, mais davantage de rêve et de résignation. Avec une sonorité très mesurée, une lumière un peu tamisée, de belles nuances mezzo forte pas toujours suivies au piano par un Itamar Golan efficace mais trop présent tout au long du concert (piano trop largement ouvert ?), Repin sait évoluer dans ces régions subtiles où la sensibilité se révèle tout en semblant toujours se refuser.
Avec la Deuxième sonate de Prokofiev, il rend un hommage direct à Oïstrakh puisque c'est à la demande du grand violoniste que le compositeur a transcrit pour violon et piano une sonate initialement écrite pour piano seul et créée par le jeune Sviatoslav Richter. Changement d'univers et donc de sonorité, de phrasé, avec des attaques plus fermes, sans jamais céder à la tentation de l'agressivité, piège souvent tendu par l'écriture de Prokofiev.
Après l'entracte, la brève Rhapsodie Sz.86 de Bartók précède une somptueuse Troisième sonate de Brahms. C'est là que Repin peut déployer toute la richesse d'une sonorité ample, généreuse, avec un lyrisme qui respecte toujours la rigueur de la forme. Le legato se développe avec des inflexions et un dessin qui donnent vie à la phrase musicale sans jamais en détruire l'homogénéité. C'est exemplaire tant pour la profondeur de l'approche que pour le traitement purement instrumental. Et puis, viennent trois bis où la virtuosité la plus folle le dispute à l'humour et au sentiment.
Quand on excelle à la fois dans la technique et la musicalité, on peut alors vraiment parler de violon souverain.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/02/2004 Gérard MANNONI |
| Récital de Vadim Repin et Itomar Golan au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Grieg, Prokofiev, Bartók, Brahms
Vadim Repin, violon
Itomar Golan, piano | |
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