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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre National de France sous la direction d'Emmanuel Krivine avec la participation de Maria Joao Pires au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Rencontre de deux surdoués
Maria Joao Pires
Le Théâtre des Champs-Élysées résonnait ce vendredi des échos des grands soirs qui ont jalonnés sa longue histoire. Au nom de Mendelssohn, de Beethoven et de Debussy, le « National », Emmanuel Krivine et Maria Joao Pires ont placé la barre très haut en délivrant, au meilleur d'eux-mêmes, toute la générosité des musiciens d'exception.
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Une rencontre de celle qu'on oublie pas et qui miraculeusement laisse un goût de première fois. Emmanuel Krivine et Maria Joao Pires : deux tempéraments hors normes, l'un flamboyant, l'autre plus secret, tous deux d'une sensibilité à vif et habités par le même désir fou de faire de la musique, et que l'Orchestre National allait confondre ce soir-là dans un accord parfait.
D'entrée de jeu, Emmanuel Krivine offrait au National l'occasion d'exposer ses plus belles couleurs avec l'ouverture de La Belle Mélusine de Mendelssohn, ressuscitant avec une élégance et une poésie rares l'atmosphère fantastique de l'ancienne ballade médiévale, laissant la clarinette énoncer un motif « prophétique », celui dont Wagner se souviendra vingt ans plus tard au début de l'Or du Rhin. Ultime sortilège d'une malicieuse sirène, avant celui d'une autre ensorceleuse ?
L'arrivée sur scène de Maria Joao Pires ne laisse en tout cas aucun doute sur la nature de l'attente du public. Elle s'avance à petits pas, toute menue dans sa drôle de robe paysanne qui semble trop grande pour elle, et s'installe au piano, souveraine, seule au monde. Des premiers accords jusqu'aux derniers accents, elle va donner du 4e concerto de Beethoven une vision ardente et lumineuse. Et même si elle négocie en force certains moments de son dialogue avec l'orchestre, elle retrouve dans le mouvement lent ce toucher captivant, presque mozartien, qui lui permet d'en traduire le sentiment intime dans toute sa beauté.
Et c'est par coeur, à la tête d'un orchestre en totale osmose avec lui, qu'Emmanuel Krivine allait livrer une interprétation éclatante de vie et de jeunesse des Images de Debussy, distribuant les couleurs et les rythmes, les faisant surgir, se fondre et de dissoudre à la manière d'un grand paysagiste. Avec lui, l'orchestre chante et danse, répond aux raffinements des sonorités les plus subtiles, à la fluidité d'une musique qui ne se pose jamais, qui explose ou reste suspendue, presque immobile, dans une sorte de clair-obscur, et finit par céder à la fougue d'une liesse générale.
Une leçon de goût, et du bonheur, rien que du bonheur, grâce à deux artistes surdoués.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 13/02/2004 Françoise MALETTRA |
| Concert de l'Orchestre National de France sous la direction d'Emmanuel Krivine avec la participation de Maria Joao Pires au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Felix Mendelssohn (1810-1849)
La Belle MĂ©lusine, ouverture en fa majeur, Op.32
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano et orchestre n°4 en sol majeur, Op.58
Maria Joao Pires, piano
Claude Debussy (1862-1918)
Images pour orchestre :
Gigues
Iberia
Rondes de printemps
Orchestre National de France
direction : Emmanuel Krivine | |
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