Ils sont contemporains. L'une est russe, l'autre italien, mais ils ont déjà, à vingt-cinq ans, un lourd passé musical. Lauriers internationaux – dont le Prix Rostropovitch pour elle – et carrières précoces – il recevait à quinze ans le Prix Umbert Micheli – ce sont à l'évidence des surdoués. Dans une salle Gaveau pleine ce soir-là, ils ont obtenu un beau succès avec un programme sans concessions, car même les 12 Variations de Beethoven sur « Ein Mädchen oder Weibchen » peuvent être un piège redoutable sous leur aspect enjoué. Les deux Sonates de Brahms, les Fantasiestücke op. 73 de Schumann ne sont pas non plus de ces oeuvres qui s'imposent d'elles-mêmes. A cet égard, et surtout avec Schumann et la Deuxième sonate de Brahms, nos deux surdoués ont fait preuve d'une maturité déjà impressionnante. Surtout en ce qui concerne Tatiana Vassilieva.

Le coup d'archet est tour à tour énergique ou câlin, la sonorité profonde ou délicate, le style parfaitement adapté à chaque compositeur et à chaque oeuvre, ce qui n'est pas si facile à réaliser dans cet univers romantique solidaire. On sent l'impact d'un forte personnalité qui a les idées musicales bien en place et les moyens de les communiquer.

Un peu moins d'assurance, d'investissement total chez Cascioli. Certes, le toucher a une fluidité, une agilité et une précision de grande classe. On sent également une vraie sensibilité, mais quand on sait que ce jeune artiste est aussi compositeur et chef d'orchestre, on aimerait qu'il s'affirme avec plus de franchise, qu'il impose sa présence avec plus de foi. Il reste souvent trop discret, comme en retrait par rapport aux élans de sa partenaire.

Nul doute qu'avec le temps et les indispensables et multiples heures de travail commun qui les attendent s'ils continuent à faire équipe, ces deux instrumentistes racés parviendront à mieux équilibrer leur propos, car, il n'y a aucun doute, d'un côté comme de l'autre, le talent est là.