|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Nouvelle production de Hans Heiling de Marschner à l'Opéra du Rhin, Strasbourg.
La seconde naissance de Hans Heiling
Detlef Roth (Hans Heiling) et Anja Kampe (Anna).
Belle redécouverte à l'Opéra du Rhin, avec Hans Heiling de Marschner, opéra romantique injustement oublié dans nos terres hexagonales alors qu'il a toujours fait partie (surtout au XIXe) du fond de répertoire opératique outre-Rhin. Grâce à cette production tout à fait homogène, le chef d'oeuvre de Marschner aura connu les honneurs d'une seconde naissance.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
En 2001, Opera Europa (qui regroupe une cinquantaine de théâtres lyriques d'Europe) et Camerata Nuova s'associaient pour offrir leur chance à de jeunes concepteurs, en créant un concours biennale de mise en scène. Pour son second exercice, il imposait Hans Heiling de Heinrich August Marschner comme sujet. L'ouvrage, dont le livret d'Eduard Devrient s'inspire d'une légende tchèque, connut un grand succès lors de sa création à Berlin le 24 mars 1833, et demeure l'un des deux opéras du compositeur – avec Der Vampyr de 1828 – à n'être pas totalement tombé dans l'oubli. La comète wagnérienne devait bien vite projeter une ombre écrasante sur son travail, assez ingratement oublié.
Dans la fosse, Olaf Henzold dirige une lecture précise, fidèle tant à la partition qu'à la dramaturgie. S'y perçoivent nettement l'influence de Weber et quelques prémices du futur Wagner. Sur scène, Anja Kampe donne une Anna confortablement sonore, au timbre attachant, Marcela de Loa une Reine des Esprits de la Terre irréprochable, sans plus, et Gertrud, la mère cupide d'Anna, bénéficie du grand métier de Hanna Schaer. Lauréat du Concours wagnérien de Strasbourg, le baryton Detlef Roth met au service de Heiling ses aigus cuivrés une présence extraordinaire.
Andreas May – dont le projet emporta le premier prix au concours Opera Europa – a réalisé une mise en scène intelligente et sensible, situant l'action « humaine » dans une Alsace de pacotille qui pourrait aussi bien être une Suisse imaginaire, un Schwarzwald improbable, ou tout autre image d'Epinal. L'idyllique et mielleux artifice laissera sourdre une odieuse mentalité de village où chacun épie l'autre, et où l'on n'acceptera jamais l'étranger, sauf s'il s'agit d'espérer lui voler son or. Les Esprits de la Terre, convoqués par la colère de Hans Heiling, sont eux entraînés dans la plus sombre humanité, répugnante comme un bubon. Pas de miséricorde : grâce à l'intervention de la Reine souterraine, la paix entre les deux mondes règnera, laissant les hommes à leur mesquinerie, les esprits à l'uniformité revenue, celle montrée dans le Prologue où des êtres identiques accomplissaient les mêmes gestes dans des gris ambiants, judicieusement évoqués par la nuance plane du choeur.
Hans Heiling aura ainsi connu une seconde naissance Ă Strasbourg.
| | |
|
Opéra du Rhin, Strasbourg Le 08/03/2004 Bertrand BOLOGNESI |
| Nouvelle production de Hans Heiling de Marschner à l'Opéra du Rhin, Strasbourg. | Heinrich August Marschner (1795-1861)
Hans Heiling, grand opéra romantique en un prologue et trois actes (1833)
Livret d'Eduard Devrient, d'après une légende tchèque.
Choeurs de l'Opéra National du Rhin
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
direction: Olaf Henzold
mise en scène : Andreas May
décors et costumes : David König
Avec :
Marcela de Loa (la Reine des Esprits de la Terre), Detlef Roth (Hans Heiling), Anja Kampe (Anna), Hanna Schaer (Gertrud), Norbert Schmittberg (Konrad), Michail Schelomianski (Stephan), Franz Tscherne (Niklas). | |
| |
| | |
|