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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de La Traviata mise en scène par Jonathan Miller à l'Opéra Bastille, Paris.
La Madone aux camélias
Tout a été dit sur la mise en scène de cette production parisienne de La Traviata. Ses décors laids, ses costumes tour à tour clinquants ou glauques, sa désolante direction d'acteurs. En somme, on allait à cette reprise sans trop d'espoir, hormis celui que l'on plaçait dans les voix. Et l'on n'a pas été déçu.
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Laissons donc de côté des commentaires qui ne seraient que redite sur la très contestable mise en scène de Jonathan Miller, et intéressons-nous aux prestations vocales de la soirée. La belle Inva Mula est une Violetta frémissante, toute d'émotion et d'authenticité. Le drame d'Alexandre Dumas revu par la somptuosité de l'harmonie verdienne trouve en elle la juste proportion de force et de fêlure, servie par une voix souple au timbre très sûr qui autorise la soprano à se donner tout entière au jeu dramatique. La maîtrise du souffle, la justesse du phrasé installent le spectateur dans un confort d'écoute qui laisse, là aussi, libre cours à l'émotion : au dernier acte, à la faveur d'un bouleversant Addio del passato, c'est tout Bastille qui peine à retenir ses larmes. Violetta succombe avec la pureté et la grâce d'une madone, sur l'épouvantable lit d'hôpital où l'on a cru bon de la clouer – elle qui meurt debout depuis que Maria Callas lui a montré le chemin.
L'Alfredo Germont de Rolando Villazon est largement à la hauteur de sa Violetta : il faut désormais compter le jeune ténor mexicain parmi les quatre ou cinq voix qui dominent la tessiture. Sachant transmettre l'émotion sans verser dans un vibrato outrancier, prononçant l'italien à la perfection, donnant à entendre et à comprendre le moindre mot, Villazon possède le physique et la voix du rôle, qu'il s'approprie avec bonheur. Ce qui n'est pas si fréquent.
On a aimé tout autant Roberto Frontali dans le rôle ingrat de Giorgio Germont, que sa grandeur d'âme rend plus incohérent encore. Le baryton est un interprète sans faille.
Dans la fosse, c'est Jesus Lopez-Cobos qui officie. Le grand chef espagnol se montre légèrement languissant dans l'ouverture, mais rond et justement empathique, toujours respectueux des voix, cela dès le premier acte et jusqu'au tomber du rideau. Comme d'habitude, les choeurs de l'Opéra se montrent excellents, surmontant toujours avec panache la peu flatteuse mise en scène qui leur est imposée.
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Opéra Bastille, Paris Le 31/03/2004 Anne-Béatrice MULLER |
| Reprise de La Traviata mise en scène par Jonathan Miller à l'Opéra Bastille, Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
La Traviata, opéra en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave d'après la pièce d'Alexandre Dumas fils « La Dame aux camélias ».
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Jesus Lopez Cobos
mise en scène : Jonathan Miller
décors : Ian MacNeil
costumes : Clare Mitchell
Ă©clairages : Rick Fisher
préparation des choeurs : Peter Burian
Avec :
Inva Mula (Violetta Valery), Marie-Thérèse Keller (Flora Bervoix), Martine Mahé (Annina), Rolando Villazon (Alfredo Germont), Roberto Frontali (Giorgio Germont), Jean-Luc Laurette (Gastone), Michael Druiett (le Baron Douphol), Sergei Stilmachenko (le Marquis d'Obigny), Yuri Kissin (le Docteur Grenvil), Pascal Meslé (Giuseppe). | |
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