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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Version de concert de Werther de Massenet dirigée par Michel Plasson au théâtre du Châtelet, Paris.
Werther en guise d'adieu
Pour ses adieux à l'Orchestre du Capitole, qui lui doit trente années de passion partagée, Michel Plasson avait choisi de donner le Werther de Massenet en version de concert au théâtre du Châtelet, avec une distribution idéale, à la hauteur du chef d'oeuvre du compositeur français.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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En août 1886, Massenet, qui venait d'assister a Bayreuth à une représentation de Parsifal, se rend à Wetzlar dans l'intention de visiter la maison de Goethe, là où le poète avait conçu son roman Les souffrances du jeune Werther, et il raconte dans ses Souvenirs : « Je connaissais les lettres de Werther, j'en avais gardé le souvenir le plus ému, mais me voir dans cette maison où Goethe avait fait vivre d'amour son héros m'a impressionné profondément ».
Six ans plus tard, l'oeuvre sera créée à Vienne et entrera bientôt au répertoire des grandes maison d'opéra du monde entier. Le choix de Michel Plasson de donner Werther en version de concert tenait en grande partie à la part royale que Massenet fait à l'orchestre, permettant au chef toulousain pour cette soirée d'adieu à ses musiciens de mettre en beauté l'orchestre du Capitole, forgé par lui et porté à son plus haut niveau en trente années de passion partagée.
La fête fut d'autant plus belle qu'elle s'accordait de la qualité exceptionnelle des chanteurs, de l'homogénéité rarement réussie à ce point de la distribution, et enfin de la découverte de la version pour baryton dans le rôle titre. Aussi bouleversants en concert – si ce n'est plus – qu'en version scénique, chacun des interprètes s'est révélé l'incarnation parfaite de son personnage.
La voix rayonnante de Susan Graham, d'une égale intensité dans tous les registres, la noblesse et l'élégance de ses attitudes, en font une Charlotte inoubliable, déchirée entre son devoir et ses sentiments intimes, avant de consentir à l'aveu ultime de son amour. Quant à Thomas Hampson, sa tessiture de baryton et la générosité de son timbre accentuent de manière troublante la nature désespérée du héros romantique, en intériorisant un drame qui ne pouvait avoir que la mort pour issue.
Bravo à l'adorable et tendre Sophie de Sandrine Piau, au superbe Albert de Stéphane Degout, à la justesse du Bailli de René Schirrer, et à l'engagement indéfectible de l'orchestre du Capitole, répondant aux plus fines comme aux plus ardentes sollicitations de Michel Plasson, vibrant avec lui, en communion parfaite avec lui. On ne pouvait plus magistralement fêter pareil départ après trente ans de bons et loyaux services.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 29/04/2004 Françoise MALETTRA |
| Version de concert de Werther de Massenet dirigée par Michel Plasson au théâtre du Châtelet, Paris. | Jules Massenet (1842-1912)
Werther, drame lyrique en quatre actes (1892)
Livret d'Edouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, d'après le roman de Goethe
Version de 1902 pour baryton
Version de concert
Maîtrise de Paris
Orchestre du Capitole de Toulouse
direction : Michel Plasson
préparation des choeurs : Patrick Marco
Avec :
Thomas Hampson (Werther), Susan Graham (Charlotte), Stéphane Degout (Albert), Sandrine Piau (Sophie), René Schirrer (Le Bailli), François Piolino (Schmidt), Laurent Alvaro (Johann). | |
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