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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung avec la participation de la mezzo-soprano Waltraud Meier au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Pour la belle Waltraud
Pour terminer un mois d'avril riche en événements mahlériens, le Philharmonique de Radio France avait invité Waltraud Meier pour les Rückert-Lieder. Bonne idée, mais résultat mitigé, en raison d'une prestation orchestrale bien approximative. Un Don Quichotte de belle tenue sauvera la mise après l'entracte, mais on retiendra avant tout cette soirée pour la belle Waltraud.
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Comme mise en bouche, Chung avait choisi la 28e symphonie de Mozart, oeuvre intéressante mais relativement mineure qu'on essaie de nous vendre dans le programme comme annonçant déjà la Jupiter. Rien que ça ! Le chef coréen s'y montre d'un classicisme poussiéreux, à la limite de l'ancien régime tant il aborde cette voisine de la si belle 29e symphonie avec une prudence toute révérencieuse et quasi protocolaire, aggravée par un orchestre bien pauvre en couleurs : cordes indifférentes – avec des basses sans chair – et parfois imprécises – les premiers violons dans le Finale –, bois fluets et cors tristes.
Au vu d'une prestation orchestrale à la limite du désastreux dans les Rückert-Lieder de Mahler qui suivent, on en vient à penser que cette première partie de concert n'a sans doute pas bénéficié d'une préparation assez rigoureuse. L'orchestre est constamment approximatif, les vents à court de souffle comme surpris par la longueur des tenues, la justesse chaotique dans les solos et la rythmique constamment hasardeuse – Um Mitternacht – occasionnant un flou et un inconfort auditifs à mille lieues de la sérénité nécessaire pour aborder ces pièces fragiles.
Qui plus est, Chung se montre tantôt expéditif – Blicke mir nicht in die Lieder, trop acéré – tantôt rigide – la conclusion de Um Mitternacht, métronomique et sèche. Seul Ich bin der Welt finit par trouver le ton après un solo de violon beaucoup trop concertant et répond dignement aux intentions de la soprano, une Waltraud Meier chez qui on aura pu noter au départ une certaine instabilité d'émission et quelques écarts de justesse qu'on lui pardonnera sans peine eu égard à la fragilité instrumentale ambiante. Mais l'Allemande, à la présence rayonnante, suprêmement musicienne, fait très vite oublier ces réserves et séduit toujours par son timbre ambré et chaud, son intime compréhension du texte, sa diction parfaitement idoine et l'élégance de ses intentions musicales – réattaques de sons pianissimo dissoutes dans l'orchestre notamment.
Cycle Strauss oblige, après l'entracte, l'orchestre se montre enfin égal à sa renommée dans un Don Quichotte de Strauss épique, mené tambour battant par un Chung véhément et théâtral. On n'y cherchera pas des trésors de finesse ou une propreté d'exécution exceptionnelle, mais on saluera le bel engagement dramatique et la fluidité narrative, particulièrement mis en valeur par Eric Levionnois, premier violoncelle solo de l'orchestre, qui donne vie au héros straussien avec énergie et traduit ses tourments intérieurs grâce à un vibrato intense et un archet fiévreux.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 30/04/2004 Yannick MILLON |
| Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung avec la participation de la mezzo-soprano Waltraud Meier au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n°28 en ut majeur K. 200 (ca. 1773)
Gustav Mahler (1860-1911)
Rückert-Lieder (1902)
Waltraud Meier, mezzo-soprano
Richard Strauss (1864-1949)
Don Quichotte, poème symphonique avec violoncelle principal, op. 35 (1897)
Eric Levionnois, violoncelle solo
Jean-Baptiste Brunier, alto solo
Elisabeth Balmas, violon solo
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Wyung-Whun Chung | |
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