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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Huitième livre de madrigaux de Claudio Monteverdi par l'ensemble Elyma sous la direction de Gabriel Garrido à la salle Gaveau, Paris.
Monteverdi désarmé
Gabriel Garrido.
Concert-événement dans le monde monteverdien avec la venue de l'Ensemble Elyma salle Gaveau, dans un programme emblématique du maître de Mantoue : le 8e livre des madrigaux. Et grosse déception au final, tant l'ensemble Elyma a multiplié des approximations guères à la hauteur de sa réputation.
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L'Ensemble Elyma est à peu près ce qui se fait de mieux dans le concert baroque actuel : au disque, L'Orfeo, Le Couronnement de Poppée ou encore les Vêpres de la Vierge, tous chez le label K617, ont largement démontré que Garrido et ses troupes étaient aux commandes de la palette de couleurs la plus somptueuse du moment. Sans parler d'un impact dramatique exacerbé, paroxystique, que d'aucuns considèrent comme quelque peu artificiel, mais grâce auquel on a souvent pardonné une certaine nonchalance technique au concert.
Qu'a-t-on entendu à la salle Gaveau ? Une couleur éminemment latine, passant par des timbres vocaux parfaitement idiomatiques, une battue d'une souplesse rare, et bien sûr, une attention aux mots qui sont l'apanage des grands interprètes du premier baroque. Mais on a aussi eu droit à des instrumentistes peu concentrés, des prestations vocales douloureuses – une Adriana Fernandez fâchée avec la justesse, une Alicia Borgès sans grave ni aigu mais avec quelques sons fort laids, un Fabio Schoffrin au timbre ingrat – et surtout, une mise en place très hasardeuse. Discrète dans les madrigaux à deux ou trois voix comme Non partir ritrosetta ou Su, su, su pastorelli, où la latinité des interprètes prend le dessus, une telle carence se révèle éprouvante dans les grandes partitions à six voix – un Altri canti d'Amor au bord du chaos, un Altri canti di Marte un peu mieux assumé mais amputé on ne sait pas trop pourquoi de sa seconde partie.
Il fallut donc attendre le Lamento della Ninfa pour voir Elyma se ressaisir, et surtout un Combattimento où le style concitato prend son vrai sens, avec un Garrido soudain foudroyant et surtout un Furio Zanasi en Testo impérial de liberté prosodique et de présence vocale, sans parler d'une diction forcément naturelle. Parfaitement à l'aise dans cette tessiture particulière, le baryton italien montre qu'il est l'un des meilleurs dans ce rôle – ce n'est pas un hasard s'il est l'Orfeo en titre de Jordi Savall. Dans l'ensemble et malgré une évidente déception, un succès d'estime arraché à la pointe de l'épée, par Zanasi essentiellement. Mais Elyma devra fourbir davantage ses armes s'il veut se montrer à la hauteur de sa légende.
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Salle Gaveau, Paris Le 19/04/2004 Isabelle APOSTOLOS |
| Huitième livre de madrigaux de Claudio Monteverdi par l'ensemble Elyma sous la direction de Gabriel Garrido à la salle Gaveau, Paris. | Claudio Monteverdi (1567-1643)
Huitième Livre des Madrigaux :
Altri canti d'Amor
Ardo e scoprir
Non partir ritrosetta
Su, su, su pastorelli
Hor che'ciel e la terra
Altri canti di Marte
Lamento de la Ninfa
Combattimento di Tancredi e Clorinda
Adriana Fernandez, soprano
Alicia Berri, mezzo-soprano
Fabian Schoffrin, contre-ténor
Mario Ceccheti, ténor
Furio Zanasi, baryton
Ivan Garcia, basse
Ensemble Elyma
direction : Gabriel Garrido | |
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