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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Klajner avec la participation du violoncelliste Jean-Guihen Queyras au théâtre Mogador, Paris.
Nouveaux mondes
Hommage Ă Dvořak au théâtre Mogador par l'Orchestre de Paris et le chef invitĂ© Daniel Klajner, dans un programme brillantissime comportant entre autre une vision complètement renouvelĂ©e du Concerto pour violoncelle par Jean-Guihen Queyras, et une 9e symphonie contestable mais finalement assez passionnante. De quoi partir Ă la dĂ©couverte de « nouveaux mondes ».
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Pour cet hommage Ă Dvořak – centenaire de la mort oblige – le chef d'orchestre suisse Daniel Klajner avait choisi d'entamer la soirĂ©e par l'ouverture de Carnaval. Prestation complètement exubĂ©rante, parfois jusqu'Ă l'Ă©chevelĂ©, qui ravit par ses sonoritĂ©s Ă©clatantes – un pupitre de percussion Ă la fĂŞte – et ses couleurs Mittel Europa – une clarinette très « czech-touch ».
Suit le Concerto pour violoncelle, complètement revisité par Jean-Guihen Queyras. A l'opposé de la tradition romantique, le Canadien privilégie un archet toujours svelte, parfois presque filiforme, dans un mode de jeu typiquement français, et dispense des couleurs tout à fait inhabituelles, fruit d'un esprit rompu à l'étude des paramètres sonores des répertoires baroque et contemporain. Point de romantisme incandescent, mais une approche éminemment XXIe siècle : attaques semblables à la voix de musique ancienne, non vibrées au départ ; vibrato parcimonieux, surtout dans les piano ; trilles exécutés de différentes manières selon l'électricité du passage ; cadence du mouvement lent en doubles et triples cordes à la sonorité de viole de gambe. Une relecture hautement dérangeante, mais indéniablement passionnante. Et même si les jointures violoncelle-orchestre ne sont pas toujours très propres et que la battue fiévreuse du chef suisse contredit un peu le propos du soliste, un véritable dialogue attentif se tisse entre le violoncelle et les instrumentistes de l'orchestre.
En deuxième partie, un cheval de bataille des orchestres, la Symphonie du nouveau monde, qui trouve sous la baguette de Daniel Klajner un impact dramatique certain. Si dans Carnaval, certains excès pouvaient facilement déclencher l'enthousiasme, on contestera déjà plus un premier mouvement traînant, d'optique wagnéro-brucknérienne et au legato de cordes karajanesque et envahissant, pour une lecture parfois trop massive et opulente. On regrettera également les égarements du chef qui en rajoute en sautillant et gesticulant sur son podium, sacrifiant par trop la précision du geste et la mise en place – un Scherzo boitillant en raison d'une cohésion rythmique souvent prise en défaut.
Cela dit, Klajner et l'Orchestre de Paris font corps avec cette grande fresque et on ne peut que saluer la ferveur et l'énergie qui émanent de cette lecture. De surcroît, le mouvement lent bénéficie d'un très beau solo de cor anglais et de cordes suaves et tendres, notamment dans le passage en sextuor terminal entrecoupé de silences, et le Finale laisse quant à lui une impression foncièrement positive, de par ses prises de risques – en particulier une conclusion rapidissime et parfaitement assurée par les Parisiens.
Un éclairage inhabituel d'une symphonie qu'on préfère plus légère de trait comme de son, mais aussi une preuve supplémentaire, si besoin était, que l'Orchestre de Paris est aujourd'hui tout sauf moribond !
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Théâtre Mogador, Paris Le 26/05/2004 Yannick MILLON |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Klajner avec la participation du violoncelliste Jean-Guihen Queyras au théâtre Mogador, Paris. | Antonin Dvorak (1841-1904)
Carnaval, op. 92
Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur, op. 104
Jean-Guihen Queyras, violoncelle
Symphonie n°9 en mi mineur op. 95, « du nouveau monde »
Orchestre de Paris
direction : Daniel Klajner | |
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