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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Requiem de Verdi par l'Orchestre national de Lyon sous la direction d'Arie van Beek Ă la halle Tony Garnier de Lyon.
Verdi au micro
Arie van Beek
Pour sa dernière prestation de la saison, l'Orchestre national de Lyon avait choisi de marquer l'événement par un concert de grande envergure avec le Requiem de Verdi. Une interprétation disposant de certains atouts et un pari plutôt réussi, en dépit d'une sonorisation qui faussait les données dès le départ.
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Depuis quelque temps, Verdi est le prétexte de grandes manifestations à vocation populaire. On en donnera pour preuve la représentation la saison passée d'Aida au stade de France à grands renforts de médias. Dans le même esprit, le choix de la halle Tony-Garnier, accueillant plus volontiers Britney Spears que le dernier compositeur en vogue de l'IRCAM, témoigne de cette volonté d'attirer les foules. Pour sa dernière prestation de la saison, l'ONL peut ainsi s'enorgueillir d'avoir joué en deux soirs devant près de sept mille personnes.
Cependant, ce genre de manifestation ne va guère sans concession. Et s'il faut se réjouir de l'accès du grand répertoire au plus grand nombre, il est évident que la sonorisation, certes nécessaire dans cette sa lle, sied particulièrement mal à l'ouvrage. En effet, les données interprétatives apparaissent de fait faussées : la technique ne rend pas justice aux équilibres, aux contrastes d'intensités ou à la couleur orchestrale ; en outre, elle sur-dimensionne les voix des quatre solistes. Les pianissimo ressortent ainsi avec trop de présence, tandis que les climax ont tendance à plafonner assez rapidement.
Malgré cela, l'ensemble comporte de nombreuses qualités, à commencer par le choeur de Lyon-Bernard Tétu. Fort bien préparé, il se distingue par une très grande clarté de la polyphonie et de la diction dès le départ. Quant au quatuor vocal, il est globalement de bonne tenue ; on relèvera notamment le bel engagement de Tanja Baumgartner, au timbre chaud et dense, qui rachète une diction souvent catastrophique. La soprano Silvana Dussmann, servie par une voix lumineuse, offre une interprétation plus tempérée mais fort intéressante ; les incantations initiales et finales de son Libera me apparaissent toutefois trop froidement mesurées. Côté masculin, la prestation est moins enthousiasmante : si Sorin Coliban se défend honorablement, Gilles Ragon avoue quelques insuffisances avec une justesse très aléatoire dans son Hostias, bien que la voix réussisse à séduire par sa vigueur.
La direction d'Arie van Beek, sans jamais atteindre des sommets, supervise le tout avec sûreté. Le chef néerlandais s'attache à souligner chaque inflexion et soigne le moindre phrasé. L'interprétation manque quelquefois de contrastes théâtraux, à l'image de l'entrée du Confutatis dans laquelle on aurait aimé des percussions plus franches, mais le propos est toujours vivant et bien mené.
Au final, si l'on tient compte des circonstances exceptionnelles, le résultat musical est plutôt honorable ; on aurait sans conteste préféré un Requiem à l'auditorium en bonne et due forme à un Verdi au micro, mais la démocratisation a malheureusement souvent son prix.
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Halle Tony Garnier, Lyon Le 20/06/2004 Benjamin GRENARD |
| Requiem de Verdi par l'Orchestre national de Lyon sous la direction d'Arie van Beek Ă la halle Tony Garnier de Lyon. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Messa da Requiem (1874)
Silvana Dussmann, soprano
Tanja Baumgartner, mezzo-soprano
Gilles Ragon, ténor
Sorin Coliban, basse
Choeur de Lyon-Bernard TĂ©tu
Orchestre national de Lyon
préparation des choeurs : Catherine Molmerret
direction : Arie van Beek | |
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