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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Concert pour les 80 ans de Georges PrĂȘtre Ă  l'OpĂ©ra Bastille, Paris.

Anniversaire Ă  Bastille
© Stephan Trierenberg

Concert de prestige Ă  l'OpĂ©ra de Paris, oĂč Georges PrĂȘtre est venu souffler ses 80 bougies. Petit clin d'œil, au programme figurait notamment Une Vie de hĂ©ros de Richard Strauss. Le hĂ©ros, on savait qui il Ă©tait ce soir-lĂ , et Georges PrĂȘtre s'est bien gardĂ© de faire mentir la lĂ©gende, pour le plus grand bonheur d'une salle comblĂ©e d'avance.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 24/09/2004
Yutha TEP
 



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  • De fait, il Ă©tait difficile de rester insensible Ă  l'atmosphĂšre d'hommage respectueux rĂ©gnant Ă  Bastille, et Georges PrĂȘtre lui-mĂȘme indiqua la voie en dĂ©ployant sur scĂšne tous les gestes – et les Ă©clats de voix, car le chef aime chanter au sens propre du terme avec son orchestre – qui ont fait sa renommĂ©e. On se sent tout doucement portĂ© vers l'indulgence, on pardonne les approximations pour finalement se laisser prendre au charme d'une personnalitĂ© musicale qui n'a pas fini d'Ă©crire elle-mĂȘme sa propre lĂ©gende.

    Musicalement, la maniĂšre aussi est restĂ©e fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. La prĂ©cision rythmique n'est pas une obsession chez Georges PrĂȘtre, en premier lieu dans sa gestique : certaines attaques de l'orchestre en deviennent quelque peu douteuses, auxquelles les troupes de l'OpĂ©ra ne nous ont guĂšre habituĂ©es, et qui Ă©maillent toute la soirĂ©e. De mĂȘme, l'ouverture de TannhĂ€user – on a ressorti pour l'occasion la version de 1861 destinĂ©e par Wagner Ă  l'institution parisienne – aura connu des interprĂ©tations plus transparentes et plus construites ; la parure orchestrale des Wesendonck aura aussi Ă©tĂ© travaillĂ©e avec plus de fini, et Une vie de hĂ©ros avec plus de fondu dans les combinaisons de timbres et de savante gradation dans les immenses pĂ©dales orchestrales alla Strauss.

    « J'ai quatre fois vingt ans »

    Mais tout cela dit et rabĂąchĂ©, comment rester de marbre devant cet enthousiasme juvĂ©nile – « J'ai quatre fois vingt ans Â», s'exclame le chef non sans humour – , cette façon de se jeter Ă©perdument dans la musique, qui le plus souvent permet une efficacitĂ© expressive impressionnante ? Georges PrĂȘtre, c'est la subjectivitĂ© aux commandes, et on se laisse embarquer, en particulier dans les moments de suspension immatĂ©rielles mĂ©nagĂ©es par Strauss entre deux fracas orchestraux. Il faut saluer cet amour immodĂ©rĂ© de la ligne de chant qui fait de lui un chef lyrique si important, et qui trouve dans l'Orchestre de l'OpĂ©ra un complice idĂ©al, avec cette souplesse des lignes et ce sens du cantabile que seule une phalange lyrique peut rĂ©ellement acquĂ©rir, sans parler d'une beautĂ© sonore constante.

    Mention spĂ©ciale pour le violon de Maxime Tholance, lui aussi amateur de galbes mĂ©lodiques langoureux dans Strauss, mais dommage que ses Ă©changes avec l'orchestre aient Ă©tĂ© quelque peu gĂąchĂ©s par une mise en place pour le moins dĂ©sordonnĂ©e. La seule Ă  chanter avec de vrais mots, Dagmar PeckovĂĄ, a aussi apportĂ© une prĂ©cieuse contribution Ă  la rĂ©ussite de la soirĂ©e dans les Wesendonck-Lieder de Wagner. Sans ĂȘtre fracassants, les moyens vocaux sont lĂ , la chaleur de mĂ©dium et du haut-mĂ©dium lui permettant de ne pas s'en laisser compter par l'orchestre – le grave est cependant un peu court –, la longueur du souffle soutenant impeccablement la ligne de chant : la mezzo tchĂšque est visiblement venue pour « chanter Â» Wagner, volontĂ© fort louable par les temps qui courent.

    GĂ©rard Mortier, le maĂźtre de cĂ©ans, est venu sur le plateau dire son respect Ă  Georges PrĂȘtre, rappelant au passage et avec bonne humeur le franc-parler que le chef a souvent utilisĂ© par le passĂ© avec l'institution.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 24/09/2004
    Yutha TEP

    Concert pour les 80 ans de Georges PrĂȘtre Ă  l'OpĂ©ra Bastille, Paris.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Ouverture et Bacchanale de TannhÀuser (version parisienne de 1861)
    Wesendonck-Lieder
    Dagmar PeckovĂĄ, mezzo-soprano

    Richard Strauss (1864-1949)
    Ein Heldenleben, poĂšme symphonique pour grand orchestre, op. 40

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Georges PrĂȘtre

     


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