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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Symphonie pastorale de Beethoven par l'Orchestre de Paris sous la direction de Marek Janowski au Théâtre Mogador, Paris.
La tête dans le guidon
Après une magnifique 5e de Bruckner, Janowski reprenait les rênes de l'Orchestre de Paris pour poursuivre l'intégrale Beethoven commencée par Eschenbach une quinzaine plus tôt. Drôle de concert, avec une ouverture de Mendelssohn qui tourne à vide, un concerto de Schumann desservi par un pianiste cogneur, et une Pastorale au pas de course.
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L'ouverture Mer calme et heureux voyage de Mendelssohn qui ouvre le concert a bien du mal à trouver ses marques. La Mer est tellement calme qu'on s'ennuie très vite, et l'Heureux voyage tourne en moins de temps qu'il ne faut pour le dire à la démonstration orchestrale inconsistante, sans instaurer de climat poétique. L'oeuvre n'est certes pas le chef-d'oeuvre absolu du compositeur, mais mérite assurément mieux que ce survol.
Le Concerto de Schumann, emblème du romantisme allemand s'il en est, est malmené par un pianiste cognant de manière éhontée. Quand il n'assène pas les accords avec la violence du marteau-pilon, Lars Vogt égrène les notes sans une once de legato, dans un toucher toujours fruste aux piano indifférents, sans soutien et toujours détimbrés. On en vient à n'écouter que l'orchestre, particulièrement son très beau pupitre de violoncelles, dans un deuxième mouvement pianistiquement neutre. Et il faut avoir les oreilles solidement accrochées pour encaisser le matraquage du Finale, tout en coups de boutoirs. Un Schumann forcené alla Bartok, un contresens absolu.
On attend donc d'autant plus une Pastorale de Beethoven qui calme les esprits. Après une 9e symphonie habilement tirée vers le postromantisme par Eschenbach, Janowski donne une Pastorale survitaminée, bâclée en des tempi rapidissimes. « Eveil d'impressions agréables en arrivant à la campagne », nous dit le programme. Point d'éveil ni d'impressions agréables ici, juste la nature vue d'un car de touristes japonais réveillés depuis belle lurette et hystériques, mitraillant à tour de bras chaque bosquet et chaque sentier avec l'avidité du grand reporter. Le chef polonais embarque l'Orchestre de Paris dans un Allegro loin de tout ma non troppo, mettant souvent une belle cohésion instrumentale en péril.
La Scène au bord du ruisseau, très allante également, ne souffre pas tant de son tempo que d'une battue trop rigide, traduisant plus une crue conséquente à la fonte des neiges que le léger frémissement d'un ruisseau paisible. Encore une fois, Janowski passe sans prendre le temps de contempler, et bride toute tentative de respiration des phrasés par son impatience. La Réunion joyeuse des paysans sera le mouvement le plus réussi par son énergie et son ambiance de bacchanale, même s'il ne fait pas assez contraste avec ce qui précède. L'Orage, où l'on attend que le chef se lâche pour de bon, passe comme un sirocco tiédasse aux seules cordes, ignorant le tonnerre très « XVIIIe » de la partie de timbales. Qu'on nous rende donc Böhm, Bernstein ou Rattle ! Quant au Finale, hymne panthéiste radieux, il aborde le Chant des bergers le chronomètre en main et trépigne sans jamais prendre le temps de poser ses valises.
La 6e est une parenthèse dans la production beethovénienne, un havre de sérénité entouré de deux symphonies follement rythmiques. La poigne et la régularité d'horloge de Janowski devraient nous ménager en décembre une Eroica beaucoup plus réussie que cette Pastorale sans tendresse, la tête dans le guidon, peignant une campagne pour homme d'affaires surbooké, en week-end avec téléphone mobile et ordinateur portable.
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Théâtre Mogador, Paris Le 13/10/2004 Yannick MILLON |
| Symphonie pastorale de Beethoven par l'Orchestre de Paris sous la direction de Marek Janowski au Théâtre Mogador, Paris. | Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Mer calme et heureux voyage, ouverture en ré majeur op. 27
Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 54
Lars Vogt, piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68, « Pastorale »
Orchestre de Paris
direction : Marek Janowski | |
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