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CRITIQUES DE CONCERTS |
18 décembre 2024 |
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Récital de Juan Diego Flórez au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Divinité lyrique
Le jeune ténor péruvien Juan Diego Flórez, le rossinien le plus en vue et le plus médiatisé du moment, est venu faire une éblouissante démonstration de technique et de maîtrise vocale au Théâtre des Champs-Élysées, avec la participation de l'Orchestre national de France. Et l'émotion, dans tout ça ?
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Hurlements d'enthousiasme, délire total d'un public d'admirateurs conquis d'avance emplissant le Théâtre des Champs-Élysées : Juan Diego Flórez peut appeler cela un triomphe, sans aucun doute. La vocalise et le contre-ut font toujours recette et engendrent toujours les mêmes folies. Rendons justice à cet artiste qui domine incontestablement sa spécialité à l'heure actuelle. La technique de vocalise est parfaite, l'émission sans le moindre défaut, la voix ni trop grande ni trop petite, le timbre agréable. Et les contre-ut fusent avec une facilité à couper le souffle – le nôtre, pas le sien.
Rien à redire, c'est éblouissant de facilité, de précision, une sorte de Bartoli mâle. Et il y a même mille muances, des demi-teintes en voix mixte, tout ce qui est possible, sans la moindre errance technique. Le phrasé est parfaitement belcantiste et qu'il s'agisse du Signor Bruschino, du Barbier de Séville ou de Sémiramide de Rossini, des Capuletti e Montecchi de Bellini ou encore de Una furtiva lagrima, d'un air si rare de Rita ou du célébrissime Ah mes amis de La fille du régiment de Donizetti, il ne manque rien à cette fête de la voix qui transporte un public d'emblée séduit par ce jeune homme de surcroît au physique de cinéma.
Un vrai rêve ? Eh bien pas vraiment ! Malgré la présence vigoureuse et brillante de l'Orchestre national de France et des choeurs de Radio France, il se glisse peu à peu une sorte d'ennui distingué, diffus, dû certes au programme lui-même – sortis de leur contexte, ces airs perdent beaucoup de leur relief – mais aussi à ce que l'émotion qui naît de la seule virtuosité lasse assez vite. Sauf, bien sûr, si l'on a un timbre comme ceux des jeunes Alfredo Kraus ou Luciano Pavarotti.
Trop bon élève, Juan Diego Flórez ? Peut-être. Mais c'est finalement positif pour lui, car s'il n'avait plus rien à acquérir, quel ennui pour lui-même ! D'ailleurs, il a pris soin de montrer en bis avec un La donna e mobile bien balancé et un Granada à plein gosier que l'avenir le destine peut-être lui aussi à mettre ses mille et une qualités au service d'un répertoire où l'émotion règne plus largement.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 20/10/2004 Gérard MANNONI |
| Récital de Juan Diego Flórez au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Rossini, Bellini, Donizetti
Juan Diego Flórez, ténor
Patrick Ivora, baryton
Choeur de Radio France
Orchestre national de France
direction : Enrique Mazzola | |
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