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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Récital de Jean-Marc Luisada au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Somptueux et décontracté
Etonnant récital de Jean-Marc Luisada, partagé entre Haydn, Schumann, Debussy et Chopin, qui rencontre un triomphe dans un Théâtre des Champs-Élysées archi-comble. Et le pianiste français se montre aussi impressionnant que dans son nouveau disque publié presque au même moment chez RCA.
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Avec un programme très lourd et très diversifié, Jean-Marc Luisada a créé la sensation au cours de ce magnifique récital parisien. D'abord Haydn, avec la Sonate n° 13 en sol majeur Hob. XVI. 6, « Partita per il cembalo solo » et la Fantaisie-Capriccio en ut majeur Hob. XVII. 4. Tout en restant fidèle à cet esprit aux lisières du romantisme et au type d'écriture prévue pour les instruments de cette époque à tous égards de transition, Luisada donne une vie extraordinaire à ces pages sans jamais chercher à imiter le clavecin, ni sans les traiter en grand piano romantique. Il trouve un équilibre miraculeux entre tous ces styles, en vivant simplement cette musique avec sa sensibilité, et en sachant lui donner les couleurs et l'émotion qu'elle contient.
Que dire ensuite de la Grande Humoresque op. 2O de Schumann, page redoutable entre toutes, surtout en concert ? Cette immense saga, ce voyage émotionnel dans le monde intérieur de Schumann, nécessite un investissement affectif, intellectuel et technique considérable. Luisada a gagné sur tous les tableaux, nous faisant tout oublier de ces aspects analytiques d'une page majeure de la littérature pianistique pour nous arracher à nous-mêmes dans un océan de sensations et de sentiments. Magistral.
Changement complet de langage après l'entracte avec un Prélude et trois Images de Debussy, traités aussi en marge de toute convention, mais avec une lucidité et une générosité confondantes. Et pour finir, comme au disque, la Troisième sonate de Chopin et ses chevauchées fantastiques, avec une générosité sonore sans jamais la moindre dureté, une variété de couleurs et des trouvailles d'accentuation qui en renouvellent totalement l'audition sans en trahir l'esprit ni la lettre.
Très gros succès évidemment, partagé par le pianiste avec son labrador Bogey, venu se coucher sagement aux pieds de son maître pour les trois bis accordés à une salle enthousiaste. A noter ce soir aussi les subtiles éclairages réglés par Mohamed Maharatié qui ont créé avec goût et discrétion des univers variables selon les moments du récital, en mettant en valeur aussi certains éléments décoratifs de cette salle unique au monde.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 22/10/2004 Gérard MANNONI |
| Récital de Jean-Marc Luisada au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Haydn, Schumann, Debussy, Chopin.
Jean-Marc Luisada, piano | |
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