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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de Tamerlano de Haendel par le Concert d'Astrée sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Tamerlano sans exaltation
Coproduction des opéras de Lille, Caen et Bordeaux, ce Tamerlano présenté en version de concert au Théâtre des Champs-Élysées constituait l'épreuve de la fosse pour le Concert d'Astrée. Malheureusement, Emmanuelle Haïm ne parvient pas plus que Trevor Pinnock ici-même en juin 2001 à exalter ce chef d'oeuvre du théâtre haendélien.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 14/10/2004
Mehdi MAHDAVI
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Là où le « caro sassone » trace à la pointe sèche, sans concession au spectaculaire et à l'arcadien, son opéra le plus sombre, le plus irrémédiablement tragique, la belle Emmanuelle ne semble se soucier que de flatter l'oreille, en lui opposant les courbes diluées de l'aquarelle, malgré un pupitre de premiers violons pas toujours docile. Il manque un réel sens du discours, une véritable progression du drame, qui se doit d'atteindre son apogée dans la scène d'hallucinations de Bajazet.
Ces tempi uniformément modérés, ce son constamment brillant, jusqu'à l'ornementation des da capo, trop souvent limitée au clinquant d'extrapolations suraiguës alors que des dissonances savantes viennent trop rarement ouvrir des abîmes, se refusent à tendre l'arc dramatique. D'autant que les récitatifs sont le plus souvent expédiés, comme sacrifiés à l'incessant ballet entre le tabouret de continuiste et la baguette (virtuelle) du chef. Plus que l'expression d'un savoir-faire réel, et mille fois réaffirmé, c'est une image de marque qui tente de s'imposer.
De très haute tenue sur le plan strictement vocal, la distribution n'en est pas moins étrangère au théâtre intérieur des personnages, à deux exceptions près. A première ouïe, l'Asteria à la voix grêle, au timbre gracieux mais étroit de Carolyn Sampson ne laisse rien augurer de bon. Toutefois, son premier air révèle une sensibilité, une profondeur de sentiment même, qui ne cessera de s'affirmer durant les trois actes de l'opéra.
A contrario, c'est par la seule stature physique, vocale, que Carlo Allemano impose d'emblée son personnage de roi défait, torturé. L'exceptionnelle ampleur de cette voix barytonnante – qui n'est pas sans rappeler, de manière parfois troublante, le timbre fauve de Placido Domingo –, ainsi qu'un sens presque viscéral de la déclamation hissent ce Bajazet à des sommets d'émotion hallucinée. Reste que sa conception du chant comme expression est parfois trop romantique pour convaincre tout à fait.
Un Tamerlano très « diva »
Projection sidérante, vélocité stupéfiante, Bejun Mehta est, à l'image de son illustre professeur Marilyn Horne, un véritable phénomène vocal, à la limite de la caricature, du mimétisme assumé du timbre. Et sa prestation vire souvent au numéro de diva ; par chance, Tamerlano, tyran capricieux et dépassé par le théâtre des passions qui se joue à ses pieds, s'en accommode assez bien. Face à ce torrent, Marina de Liso n'en paraît que plus transparente.
Malgré ses bonnes manières vocales, un timbre d'un beau velours, Andronico, composé aux mesures de Senesino, est trop grave pour elle. Karine Deshayes ne fait en revanche qu'une bouchée d'Irene, mais est-ce la bonne ? Ce timbre pulpeux, cette projection insolente, ce sens du rythme implacable ne peuvent dissimuler une relative inadéquation à ce répertoire. Si Paul Gay fait preuve d'un appréciable panache dans le rôle épisodique de Leone, il semble lui aussi quelque peu contraint par la vocalité haendélienne.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 14/10/2004 Mehdi MAHDAVI |
| Version de concert de Tamerlano de Haendel par le Concert d'Astrée sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Tamerlano, opera seria en trois actes HWV 18 (1724)
Livret de Nicola Haym, d'après Agostino Piovene, inspiré de la tragédie Tamerlan ou la mort de Bajazetde Jacques Pradon.
Version de concert
Le Concert d'Astrée
direction : Emmanuelle HaĂŻm
Avec :
Bejun Mehta (Tamerlano), Carlo Allemano (Bajazet), Carolyn Sampson (Asteria), Marina De Liso (Andronico), Karine Deshayes (Irene), Paul Gay (Leone). | |
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