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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création du Vase de Parfum de Suzanne Giraud mis en scène par Olivier Py au Théâtre de la Ville, Paris.
Opéra ou oratorio ?
La création de ce Vase de Parfum de Suzanne Giraud et Olivier Py au Théâtre de la Ville soulève beaucoup d'interrogations. Il y a celles contenues dans le propos de l'oeuvre et celle portant sur sa forme. Plus de questions que de réponses.
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La première question que l'on se pose quand s'achève cet ouvrage lyrique de quelque soixante-quinze minutes est tout simplement : peut-on écrire un opéra sans action véritable, avec pour seul support une réflexion d'ordre métaphysico-philosophique, si intéressante soit-elle ? C'est certainement le premier écueil de cette représentation par ailleurs pourvue de nombreuses qualités. L'interrogation qu'Olivier Py exprime de manière un peu inégale mais bien souvent très poétique et frappante, n'est-elle pas, elle aussi, assez approximative dans sa vérité théologique ?
Certes, elle reflète une authentique quête de spiritualité, comme celle qui semble hanter soudain tant de nos contemporains. Mais comme chez beaucoup d'entre eux aussi, elle mélange un peu des aspects parfois difficiles à concilier des textes reconnus par l'Eglise et des texte apocryphes qui ne le sont pas. Querelle hors de propos devant la générosité de la démarche ? C'est possible, mais il est toujours dangereux de faire des amalgames approximatifs sous prétexte de vulgarisation en matière de pensée ou de pratique religieuse. Les actuels débats autour de ce qu'est la « vraie pensée islamique » en sont un exemple très actuel.
La partition de Suzanne Giraud bénéficie d'une très belle écriture orchestrale, savante mais pas en vain, car la pâte sonore est superbe. Il y a une variété de couleurs, de belles recherches d'orchestration dans les timbres et une théâtralité indiscutable, même si – encore – on peut s'interroger sur ce qu'une musique comme celle-ci peut avoir de rapport direct avec la spiritualité du texte écrit.
En revanche, l'écriture vocale, comme dans tant d'opéras contemporains, est assez uniforme, proche d'un récitatif accompagné monotone, malgré la diversité des voix employées et l'excellence des interprètes. Sur un canevas dramatique à côté duquel les oratorios de Haendel ou de Mendelssohn paraissent de vrais films à suspense, Olivier Py parvient à bâtir une vraie mise en scène, dans un très ingénieux dispositif scénique de Pierre-André Weitz.
C'est original, avec les musiciens placés en gradins au fond de la scène, bien éclairé et tout est prétexte à mouvement et à jeu dramatique. Là , Olivier Py fait preuve d'une imagination qui n'étonne pas chez lui mais rend admiratif, car, une fois encore, le caractère purement intellectuel du propos ne se prête guère à l'action.
Alors, opéra ou oratorio ? On pencherait nettement pour la deuxième solution.
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