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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Comment parler objectivement d'une telle production, chaleureusement accueillie par le public, et pourtant très contestable ? On connaît le travail de Francesca Zambello, son goût pour l'imagerie, qu'elle confond souvent avec le travail de mise en scène. Elle récidive, ici, habilement mais banalement, et certains effets, les apparitions des révolutionnaires venant à la rampe, entre autres, étaient nettement mieux venus dans la production des Misérables signée à Londres et à Paris par Trevor Nunn. Sans parler de Marthe Keller qui, à Strasbourg, en janvier, avait monté des Dialogues autrement plus intéressants et poignants.
Seiji Ozawa est acclamé par l'auditoire. Il est vrai que sa direction est flamboyante, qu'il joue à plaisir avec les timbres et les couleurs de son orchestre. Je me demande pourtant si la musique de Poulenc a besoin d'une telle luxuriance. Une chose est sûre, en revanche : le texte de Bernanos nécessite des chanteurs une prononciation claire et précise. Kathryn Harries (Mère Marie) ou Nancy Gustafson (Madame Lidoine) sont de respectables interprètes, mais leur diction appliquée ne fait pas oublier leur accent. Patricia Racette est une Blanche insignifiante et affectée, Marie Devellereau une Soeur Constance charmante (et qui s'exprime, elle, naturellement, puisque Française), et Felicity Palmer, par sa présence scénique et ses dons dramatiques, incarne une Madame de Croissy hallucinante, prête à subir les comparaisons avec Régine Crespin et Rita Gorr, cette dernière étant, pour moi, inoubliable. L'ouvrage est tellement fort, toutefois, que le spectacle fonctionne et que l'émotion est grande lors de la scène finale, vue pourtant sans la moindre imagination.
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Opéra Bastille, Paris Le 13/11/1999 Michel PAROUTY |
| Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc | Mise en scène : Francesca Zambello
Direction musicale : Seiji Ozawa.
Avec Patricia Racette (Blanche), Kathryn Harries (Mère Marie), Marie Devellereau (Soeur Constance), Felicity Palmer (Madame De Croissy), Nancy Gustafson (Madame Lidoine). | |
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