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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Chant de la terre par l'Orchestre National de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de Petra Lang et Jon Villars au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Création et tradition à l'ONF
Intéressant concert du National confrontant la création à la tradition au Théâtre des Champs-Élysées, avec la première française du très original Concerto pour percussion à eau et orchestre du compositeur chinois Tan Dun, puis retour à la grande tradition avec un Chant de la Terre de Mahler de très haute tenue.
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Avec Kurt Masur à sa tête, le National a retrouvé un équilibre, un niveau de qualité et même un éclat dignes de sa haute réputation et de sa brillante histoire. Un concert comme celui-ci en témoigne, fait de hardiesse et de tradition. La hardiesse, c'est en première partie la création française du Concerto pour percussion à eau et orchestre de Tan Dun. Connu autant pour ses musiques de films que pour de grandes pages symphoniques commandées à l'occasion d'événement majeurs – réunification de Hong Kong et de la Chine notamment – Dun se veut un pont entre les cultures occidentales et orientales, refusant d'être classé comme trop proche de l'une ou de l'autre.
Créé par le Philharmonique de New York et Kurt Masur, avec et pour le percussionniste Christopher Lamb, soliste de la grande formation américaine ce concert s'annonce d'emblée inhabituel. Sur scène, quatre grandes vasques transparentes remplies d'eau et savamment éclairées, et outre le soliste qui en emploie deux, deux autres percussionnistes utilisent leurs mains et une grande diversité d'objets pour produire un certain nombre de bruit d'eau, plus ou ténus, amplifiés pour dialoguer avec l'orchestre.
C'est étrange et beau, assez mystérieux comme rapport dynamique, et plutôt déroutant. Cela ne parle guère à la sensibilité, mais on admire l'esthétisme et la subtilité de l'ensemble. Un climat sonore attachant se crée peu à peu, et l'on a bien le sentiment qu'il s'agit de la rencontre de deux civilisations, celle des montagnes et des rivières qui fut l'objet de la somptueuse exposition du Grand Palais l'an dernier et celle d' une musique écrite en fonction de tout un autre héritage culturel. Une belle parenthèse, originale, raffinée, intelligente, dans le déroulement des programmes symphoniques traditionnels.
La tradition, Kurt Masur la rappelle ensuite avec un Chant de la terre de Mahler, dirigé avec sobriété et servi par d'excellents solistes. On peut certes mettre dans ces pages plus d'émotion, plus de lyrisme, mais l'approche de Masur est d'une impressionnante clarté analytique et d'une magnifique construction d'ensemble. A l'orchestre d'abord, un National sonnant avec générosité, respectueux d'un style où chaque détail est fondamental, où chaque plan sonore doit trouver son exact point d'équilibre, en raison notamment des multiples changement de climat qui marquent le passage d'un Lied à l'autre. Chaque pupitre est à cet égard absolument exemplaire d'engagement et de précision.
Avec les solistes, ensuite, deux belles voix très différentes de technique, mais apportant justement une variété d'écoute très appréciable. A la voix onctueuse, parfois un peu discrète dans le médium, du mezzo allemand Petra Lang, répond le timbre éclatant, d'une vaillance rare aujourd'hui, du ténor américain Jon Villars, célèbre Bacchus et Enée. La baguette de Kurt Masur donne son unité à l'ensemble, avec une assez fascinante intelligence de l'écriture mahlérienne . Le National sonne grand et généreux, avec subtilité aussi. Il s'apprête à terminer l'année sur les cimes.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/12/2004 Gérard MANNONI |
| Chant de la terre par l'Orchestre National de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de Petra Lang et Jon Villars au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Tan Dun
Concerto pour percussion à eau et orchestre
Christopher Lamb, Emmanuel Curt et Florent Jodelet, percussion
Gustav Mahler (1860-1911)
Le Chant de la terre (1910)
Petra Lang, mezzo-soprano
Jon Villars, ténor
Orchestre National de France
direction : Kurt Masur | |
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